Le Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME), un organisme situé à Lachine, débute un projet de science citoyenne afin de réduire l’empreinte écologique des microfibres. Ces fines particules de plastique de moins de 5 mm se détachent des vêtements à tissus synthétiques lors des lavages et ont un impact important sur l’environnement.
Le projet vise l’introduction d’un filtre à installer dans les maisons afin d’évaluer son potentiel de dissémination. Ainsi, une trentaine d’ambassadeurs utiliseront ce dispositif durant les six prochains mois.
«En faisant un état de la situation d’une partie de ma garde-robe, j’ai réalisé que j’ai pas mal de tissus synthétiques et je suis curieuse de savoir quel est l’impact de leur lavage sur l’environnement», rapporte l’une des ambassadrices et analystes en réduction à la source chez Équiterre, Amélie Côté.
Approche scientifique
La professeure adjointe au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal et experte en microplastique et méthodes de traitement décentralisé de l’eau, Dominique Claveau-Mallet, se joint à ce projet de science citoyenne.
«Ce projet nous permettra de quantifier le flux de matières plastiques issues des ménages québécois, en plus de caractériser l’efficacité d’enlèvement des filtres à lave-linge», a déclaré la professeure par communiqué.
Également, le professeur titulaire au Département de génie chimique de Polytechnique et expert en caractérisation de polymères, Abdellah Ajj, ainsi qu’un étudiant à la maîtrise, Mohammed Abourich, participeront au projet. Les résultats de l’analyse permettront d’évaluer l’efficacité des filtres et déterminer les types de microfibres les plus présents.
«Les décideurs publics ont besoin d’information scientifique afin d’orienter leurs actions dans la lutte contre les microplastiques.»
Dominique Claveau-Mallet
Accessibilité aux filtres
Le GRAME souhaite également rendre ces filtres accessibles à plus de 150 ménages québécois à l’aide d’un programme de subvention.
Un programme similaire a eu lieu à Parry Sound en Ontario où plus de 7000g de fibres ont été détournés en 1 an, représentant près de 3 millions de microfibres. Dans cette expérience, seulement 70 ménages ont été nécessaires pour détourner cette quantité de plastique.
«Les microfibres sont un enjeu dont on parle de plus en plus, mais pour lequel on n’apporte que peu de solutions à l’échelle des citoyens», soutient la chargée du projet au GRAME, Luisa Novara. Cette initiative scientifique tente de renverser la situation.
La présence de particules de plastique synthétique produites par les humains a été découverte en Antarctique en 2016. Plus près de chez nous, on retrouve ce plastique jusque dans l’eau que nous buvons.
880 tonnes Au Canada et aux États-Unis, ce sont environ 880 tonnes de microfibres qui sont relâchées chaque année lors des lessives. Par foyer, ce nombre représente 440 millions de fibres synthétiques libérées par le lavage. |