La relative paix lors des séances du conseil d’arrondissement de Lachine semble chose du passé. Le conseiller indépendant du district Fort-Rolland, Jean-François Cloutier, a ouvertement démontré son opposition lors du conseil du 14 mars, ce qui n’a pas semblé plaire au maire, Claude Dauphin.
Le ton a monté dès les premières minutes de la séance alors que le maire avait à peine terminé son allocution au sujet de report du vote sur la station-service de la rue Victoria, juste avant l’adoption de l’ordre du jour.
« J’ai une intervention à faire, j’ai droit à cinq minutes par item », a lancé le conseiller.
Ce à quoi le maire a rétorqué que ce temps ne lui était alloué que pour les items à l’ordre du jour. Les deux items dont Jean-François Cloutier voulait discuter étaient en effet absents de celui-ci, il n’avait donc pas techniquement le droit de se prononcer.
Échanges publics
Les répliques cinglantes entre le maire et le conseiller ont continué pendant une heure, jusqu’à ce que M. Dauphin perde patience.
« Dites ce que vous voulez, cela ne m’intéresse pas », a-t-il conclu.
Une citoyenne est même intervenue à la fin de la séance, lors de la période de questions, pour exiger le retour au calme. « Depuis que M. Cloutier est devenu indépendant, il semble qu’il se prononce continuellement sur toutes sortes de détails qui n’avancent pas le débat. On sent qu’il veut simplement nuire au processus. On se demande pourquoi il agit ainsi », a questionné la résidente.
Maja Vodanovic, conseillère pour le district de St-Pierre, a pour sa part tenté de calmer les deux parties. « Je tiens à mentionner que, dans certains arrondissements, les conseillers de l’opposition n’ont pas le droit d’assister au caucus. Pourtant, M. le conseiller a toujours été le bienvenu et nous débattons toujours ses idées », conclut-elle.
Débat interne
Le conflit a débuté lorsque le conseiller a déposé, la semaine passée, deux motions et qu’il n’a reçu aucun suivi. « J’ai déposé au directeur d’arrondissement deux motions. Une première, visant l’abolition du poste d’attaché politique au maire permettant une économie annuelle de 100 000$ et une deuxième afin de corriger l’information ambivalente diffusée à propos de l’étude du dossier des abris d’autos temporaires. Depuis cet envoi, aucune communication n’a été établie », intervient-il.
Le règlement stipule que, pour être ajoutée à l’ordre du jour, une motion doit être proposée et appuyée. Le conseiller n’ayant trouvé appui après d’aucun de ses compères, les deux points n’avaient pas été mis à l’agenda. M.Cloutier ne s’était d’ailleurs pas prévalu de son privilège et n’avait pas assisté à la rencontre avant le conseil.
« Le règlement sur la procédure d’assemblée et la régie interne du conseil et de ses commissions ne facilite pas le travail de l’opposition. Une réforme de ce règlement est urgente car autrement il permet de graves atteintes à la démocratie. L’opposition doit avoir autant de droits au Conseil d’arrondissement qu’au Conseil municipal de Montréal », nous indique M. Cloutier, au lendemain du conseil.
L’attaché politique de M. Dauphin, Denis Gaumond, n’a pour sa part pas voulu commenter sur la motion exigeant son renvoi. Selon les dires de Maja Vodanovic, il aurait été défendu lors du caucus et sa mise à pied n’est pas considérée.