Si certains athlètes rêvent de gravir la plus haute marche du podium olympique, ce n’était pas le cas de Christine Gauthier. Demeurée incapable d’utiliser ses jambes après un accident, c’est le destin qui l’a mené jusqu’aux qualifications pour les Jeux paralympiques à Rio, en septembre.
« C’est tout à fait inattendu, tout comme mon parcours de vie. On peut dire que c’est le hasard qui décide pour moi. C’est un peu ironique qu’à 46 ans, je pagaie contre des petites jeunes de 20 ans », explique la kayakiste.
Il faut remonter en 1989 pour comprendre ce qui l’a menée jusqu’aux Olympiques. À l’époque, elle était la première femme à se joindre au 5e Régiment d’artillerie à Québec des Forces armées canadiennes. C’est lors d’un entraînement de routine que sa vie a basculé.
« Je devais sauter dans une tranchée et j’ai atterri sur des roches au fond du trou. Mes deux genoux ainsi que ma colonne vertébrale se sont complètement disloqués », raconte la Dorvaloise qui se déplace en fauteuil roulant la majorité du temps.
Le kayak de l’espoir
Pendant 20 ans, elle se remet difficilement entre la réhabilitation, les chirurgies de reconstruction qui ont échoué ainsi qu’une longue et profonde dépression.
« C’est difficile parce que ma condition se détériore continuellement. À chaque fois, je dois faire un deuil d’une activité que je ne peux plus faire », confie-t-elle. Elle a d’ailleurs dû retarder une opération pour remplacer des disques dans sa colonne afin de participer aux Jeux.
Une sortie en kayak avec des amis en 2008 a tout changé. « Lorsque je me suis assise dans l’embarcation, j’ai eu un sentiment de liberté totale. Pour la première fois, je pouvais faire quelque chose comme les autres. J’ai senti qu’il y avait un avenir », ajoute Christine Gauthier.
C’est ainsi que Madeleine Hall, la mère du médaillé Thomas Hall, l’a aperçue sur l’eau. Voyant son potentiel, elle l’a prise sous son aile pour l’introduire dans l’équipe canadienne.
« Il ne faut pas se leurrer, j’ai passé plus de temps à nager qu’à pagayer à ma première saison. J’ai été chanceuse d’avoir des gens assez patients pour me rembarquer dans le kayak à chaque fois que je chavirais », admet-elle en riant.
À sa première saison, en 2009, elle a tout de suite remporté la médaille d’or aux Championnats du monde à Halifax.
« Je ramais contre des filles de 12 et 15 ans d’expérience. Équipe Canada ne s’attendait tellement pas à ce que je gagne qu’ils n’avaient absolument rien prévu pour célébrer, c’est passé totalement inaperçu » raconte-t-elle.
Depuis, Christine Gauthier a été couronnée cinq fois championne du monde en K1 sur 200 mètres.
Son parcours a toutefois été ralenti par un autre accident en 2014. L’athlète s’est fait happer par une voiture alors qu’elle se rendait à l’entraînement à vélo.
« J’ai subi une fracture au coude, mais j’ai insisté pour recommencer le plus rapidement possible. Bien que j’aie sous-performé lors des derniers Championnats du monde, j’étais déjà qualifiée et j’ai quand même assuré une place pour mon kayak », conclut-elle.
À moins qu’un autre athlète ne se présente lors des qualifications, elle sera la représentante canadienne aux paralympiques à Rio. Mais elle préfère ne pas tenter le hasard et attendre le 23 juin avant de confirmer sa participation aux Jeux qui se tiendront du 7 au 18 septembre.