Souhaitant faire reconnaître l’Institution des sourdes-muettes de Montréal à sa juste valeur, la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal multiplie les efforts auprès du ministère de la Culture pour faire classer le bâtiment comme en étant un «patrimonial».
En novembre dernier, la Société d’histoire avait fait parvenir une première demande de classement au ministère.
«Notre demande a été rejetée, car le gouvernement ne considère pas que le bâtiment en tant que tel se démarque sur le plan architectural parmi les complexes similaires à Montréal», explique Gabriel Deschambault, l’un des administrateurs de la Société d’histoire.
La réponse du ministère évoquait en effet que «d’autres ensembles conventuels situés sur le territoire de l’Île de Montréal présentent un plus grand intérêt patrimonial en raison de leur ancienneté et de la qualité de leur conception».
Surpris d’une telle réponse, il n’était pas question pour les membres de la Société d’histoire locale d’abandonner leurs démarches. Une deuxième lettre a été envoyée au ministre Luc Fortin, le 5 février dernier.
Reconnaissance de l’oeuvre
Par l’entremise de cette deuxième demande, M. Deschambault espère que le gouvernement reconnaîtra enfin la valeur de ce qui a été fait entre les murs de l’Institution, par la Communauté des Sœurs de la Providence.
Dans les faits, c’est dès 1851 que les soeurs se sont engagées dans une mission de «sauver» les jeunes filles sourdes-muettes et de les éduquer convenablement.
«À cette époque, la société québécoise n’a pas l’ouverture ni les moyens qu’on lui connaît aujourd’hui et plusieurs de ces jeunes filles étaient oubliées par des familles mal informées ou mal outillées, mais surtout sans ressources pour faire face à cette situation particulière», explique-t-on.
Selon M. Deschambault, bien au-delà de la qualité architecturale des bâtiments, c’est plutôt la mémoire des milliers de vies de jeunes filles qui ont été transformées à cet endroit que l’ont doit souligner.
«Il faut que le gouvernement reconnaisse les valeurs humaines de l’endroit, en dépit du reste. Au fond, c’est davantage la mémoire du don de soi et des réalisations novatrices d’une communauté religieuse féminine qu’on veut placer à l’avant-plan. De dire non à cette demande, c’est d’ignorer totalement toute la valeur du travail que les sœurs ont fait à cet endroit», résume Gabriel Deschambault.
Appui de l’arrondissement
Lors de sa dernière séance, le conseil d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a de son côté adopté une motion visant à réitérer et à maintenir la vocation publique, sociale et institutionnelle des bâtiments de l’Institution des sourdes-muettes de Montréal. Par celle-ci, on souhaite également éviter une transformation en complexe résidentiel.
C’est que Québec avait annoncé la mise en vente de ces bâtiments en septembre 2015, à la suite de la dissolution de l’Agence de la santé et des services sociaux, qui y logeait. Depuis, la majeure partie des locaux sont vacants.
Dans ce contexte, considérant l’urgence d’établir des balises pour encadrer tout projet qui viendra requalifier ce site, le conseil d’arrondissement a mandaté, par le biais d‘une résolution adoptée le 6 octobre 2015, la Direction du développement du territoire et des travaux publics à préparer une étude afin de produire un énoncé de l’intérêt patrimonial de ce site.
Cet énoncé, daté du 29 septembre 2016, a confirmé l’importance publique et patrimoniale de l’Institution des sourdes-muettes de Montréal.
L’arrondissement a donc fait ses démarches auprès du gouvernement, parallèlement aux demandes acheminées par la Société d’histoire.
Au moment d’écrire ces lignes, ni un ni l’autre n’avait reçu de réponses officielles. Selon ce qu’il a été possible d’apprendre, le dossier «serait toujours en analyse».