L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal présente ce vendredi à ses élus des modifications majeures à son règlement d’urbanisme. Il compte ainsi permettre aux restaurants et aux bars de doubler la superficie de leur terrasse privée et d’opérer celle-ci été comme hiver, en plus de mettre en place des mesures pour contrer le phénomène des locaux commerciaux vacants.
Une séance extraordinaire du conseil d’arrondissement a lieu à 13h, aujourd’hui, pour permettre aux élus de se pencher sur ce projet de règlement, dont Métro a obtenu copie. Celui-ci vise notamment à étendre l’autorisation pour les commerces d’opérer un «café-terrasse» sur leur terrain privé pendant la période hivernale, entre le 1er novembre et le 30 avril.
Les restaurants, bars et cafés pourront par ailleurs avoir une terrasse aussi grande que la superficie de leur commerce, contre 50% de celle-ci actuellement. Ils pourront également empiéter sur la devanture des bâtiments voisins, avec l’autorisation de ceux-ci.
«On va avoir besoin le plus possible d’espace parce qu’il y aura sans doute des contraintes de distanciation au moins jusqu’en 2022», soulève le président de la Nouvelle association des bars du Québec, Pierre Thibault. Celui qui est aussi propriétaire de la Taverne Saint-Sacrement, sur l’avenue du Mont-Royal, voit donc cette initiative d’un bon oeil. «C’est un grand avancement!», lance-t-il en entrevue.
Des terrasses à plus d’endroits
Les terrasses privées des commerces devront toutefois se conformer à certaines normes, notamment en matière d’accessibilité universelle et de verdissement. Les commerçants pourront aussi procéder à la cuisson d’aliments et utiliser un chauffage électrique sur leur terrasse, en hiver.
L’arrondissement compte aussi autoriser la présence de terrasses à l’extérieur des grandes artères. On pourrait ainsi en voir émerger, été comme hiver, sur des rues commerciales de plus petite taille, comme l’avenue Laurier et la rue Saint-Viateur. «On va baliser ça en encadrant les heures d’utilisation», indique le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin. Ce dernier souhaite ainsi trouver un équilibre entre le développement commercial et la qualité de vie des résidents de l’arrondissement.
«C’est une bonne nouvelle parce que ça peut aider des entreprises qui en ont vraiment besoin actuellement.» -Pierre Thibault, président de la Nouvelle association des bars du Québec
Les terrasses qui empiètent sur la voie publique en été, notamment sur l’avenue du Mont-Royal et la rue Saint-Denis, ne pourront toutefois pas continuer d’opérer en hiver. Une telle mesure serait «difficile» à mettre en place pendant la saison froide, notamment en raison des enjeux de déneigement, souligne M. Rabouin.
Brasseries artisanales
Le règlement prévoit par ailleurs l’ajout de la catégorie «brasseur artisanal». Cette mesure permettra notamment aux microbrasseries, qui sont au nombre de six dans l’arrondissement, de vendre des bouteilles et des canettes de bière pour emporter à même leur établissement. Actuellement, ils doivent plutôt passer par les dépanneurs et les épiceries du secteur pour ce faire.
«Ça ne fait aucun sens, pour un commerce qui produit sa bière localement, que les gens ne peuvent pas venir acheter des bouteilles sur place», soulève M. Rabouin, qui souhaite corriger le tir avec ce projet de règlement.
«C’est vraiment une réforme en profondeur [qu’on propose] pour dépoussiérer toute sorte d’éléments.» -Luc Rabouin, maire du Plateau-Mont-Royal
Contrer la spéculation
Actuellement, l’arrondissement exige une distance minimale de 25 mètres entre chaque restaurant et de 50 mètres entre deux bars. Cette situation fait en sorte que les propriétaires de locaux commerciaux peuvent aisément cibler les endroits où de tels commerces pourraient voir le jour. Ils peuvent alors hausser les loyers pour ces locaux, ce qui peut entraîner de la spéculation et contribuer au phénomène des locaux commerciaux vacants, explique M. Rabouin.
«Le gros bout du bâton était plutôt dans les mains des propriétaires», convient le maire d’arrondissement.
Dans ce projet de règlement, l’arrondissement vient assouplir les règles en place afin de retirer la distance minimale entre deux restaurants. Quant aux bars, deux établissements devront respecter une certaine distance entre eux s’ils se trouvent du même côté d’une rue commerciale. Le règlement permettrait toutefois à deux bars de se trouver en diagonale, de chaque côté de la rue, indique M. Rabouin.
D’autre part, l’arrondissement entend imposer des quotas de bars et de restaurants sur ses rues commerciales. Une mesure qui risque d’inciter les propriétaires de locaux commerciaux vacants à louer plus rapidement ceux-ci, analyse M. Thibault.
«Ça donne plus de souplesses aux locataires et on pense que ça va avoir un impact sur les prix des loyers et la spéculation», souligne également Luc Rabouin.
Consultation publique
Les démarches quant à cette refonte du règlement d’urbanisme sont en cours depuis environ deux ans. Dans les prochaines semaines, plusieurs organismes et citoyens pourront émettre leur avis dans le cadre d’un processus de consultation sur ce projet de règlement.
«On accueille favorablement la démarche dans la mesure où ça va sans doute permettre de s’adapter au contexte du marché et d’aider les commerces du secteur», souligne le directeur général de la Société de développement de l’Avenue du Mont-Royal, Claude Rainville. Il espère particulièrement que ces nouvelles règles pourront aider les restaurants de l’arrondissement à se relever de la pandémie.
Une fois ce projet de règlement présenté aux élus, ce vendredi, une période de consultation écrite de 15 jours sera enclenchée. Le conseil d’arrondissement devra ensuite adopter celui-ci en deuxième, puis en troisième lecture. Le règlement pourrait ainsi entrer en vigueur à la mi-mars, indique M. Rabouin.
«On accélère [le processus] en vue de ce printemps parce qu’on veut que toutes les nouvelles règles d’assouplissement soient prêtes quand les restaurants, les bars et tous les cafés vont pouvoir rouvrir», conclut le maire d’arrondissement.