Fatigue, douleur, perte d’odorat : de mystérieux symptômes perdurent chez certaines personnes qui ont été infectées par le nouveau coronavirus, même plusieurs mois après s’en être guéri. Pour mieux comprendre ce phénomène encore inexpliqué, et offrir une lueur d’espoir à ceux et celles qui en souffrent, la première clinique post-COVID de la métropole a été mise sur pied dans Le Plateau-Mont-Royal.
Maria est une Montréalaise dans la quarantaine. Elle a contracté le coronavirus en mars dernier. Près d’un an plus tard, elle dit toujours souffrir de manque d’appétit et de fatigue extrême.
«La douleur est très difficile à expliquer. C’est surprenant. Le niveau de fatigue ressenti est supérieur à celui enduré par une mère manquant de sommeil dans les premiers mois suivant la naissance d’un enfant», témoigne Maria.
Avant d’attraper la COVID-19, elle n’avait jamais eu de problème de santé majeur. Son état s’améliore avec le temps, mais la raison de son malaise demeure nébuleuse.
C’est pour venir en aide à des personnes comme Maria que la Dre Emilia Liana Falcone a mis sur pied la clinique post-COVID de Montréal, la deuxième de la province après celle de Sherbrooke.
«On voit beaucoup de fatigue, de manque de souffle ou de ce que l’on appelle de la dyspnée, des douleurs musculaires et des douleurs articulaires, mais aussi des troubles de sommeil et d’anxiété», énumère au téléphone la Dre Falcone.
Cette chercheuse, notamment titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le rôle du microbiome dans l’immunodéficience primaire, dirige la clinique financée par le gouvernement du Québec et l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).
Recherche
La conception de ce projet a commencé il y a près d’un an. En constatant des complications inflammatoires sévères chez certains patients dans la phase aiguë de la COVID-19, les experts ont rapidement estimé que le virus entraînerait des séquelles à long terme.
La clinique offre aujourd’hui des services aux personnes qui éprouvent encore des symptômes des mois après l’infection initiale, mais sert surtout de protocole de recherche. L’objectif est de mieux comprendre les mécanismes qui sont potentiellement à la base des complications constatés chez plusieurs.
Les patients sont évalués par téléphone à l’aide d’un questionnaire avant leur première visite. Jusqu’à présent, l’un des problèmes récurrents identifiés est celui de la fatigue chronique, souligne la Dre Falcone. De plus, les symptômes semblent être ressentis six mois, voire près d’un an après l’infection initiale.
En quelques jours, la nouvelle clinique a reçu plus de 350 appels.
Dans l’inconnu
L’épidémiologue Nimâ Machouf souligne que ce type d’établissement est essentiel, car il va permettre aux experts d’aider les patients et de mieux comprendre la COVID-19.
«Il y a beaucoup d’inconnu encore concernant les symptômes post-COVID. Ce genre de clinique pourrait nous apporter énormément d’éléments facilitant la compréhension de cette maladie sur le long terme», exprime-t-elle.
La clinique post-COVID reçoit des appels provenant de personnes âgées de 18 à 90 ans. Jusqu’à maintenant, elles sont majoritairement âgées de 40 à 69 ans. En se basant sur des études déjà menées, les symptômes de complications à long terme ressentis par les patients de cette tranche d’âge sont en général plus sévères que ceux ressentis par les gens de 20 à 40 ans, explique Dre Falcone.
La clinique recrute activement les gens voulant participer à l’étude. Tous les détails sont disponibles sur le site web de l’IRCM.