Le programme d’intervention sociale de l’école secondaire Jeanne-Mance Bien dans mes baskets (BDMB) poursuit ses activités en respectant un protocole très strict depuis octobre, et ce, malgré l’annulation des sports organisés chez les jeunes, causée par la pandémie. Son volet psychosocial a rendu cette exception possible.
BDMB utilise le basketball parascolaire comme outil d’intervention social auprès d’adolescents susceptibles de décrochage scolaire, d’exclusion et de délinquance depuis 1999. Son coordonnateur et fondateur, Martin Dusseault, est un travailleur social du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. L’aide que lui et ses collègues fournissent aux jeunes athlètes est considérée comme essentielle par la santé publique du Québec.
«Étant donné qu’on est un programme du CIUSSS, on est considéré comme des partenaires scolaires. On a expliqué à la santé publique que pour la santé mentale des jeunes, notre outil d’intervention sociale était essentiel. En l’enlevant, on n’aurait plus accès à ce que l’on fait comme travail social», explique M. Dusseault.
Certains basketteurs de l’école secondaire du Plateau-Mont-Royal ont réussi à passer à travers des mois difficiles grâce à l’encadrement offert par le programme, soutient-il.
«On a réussi avec des jeunes qui vivaient des problèmes de santé mentale vraiment importants. On a pu les saisir avant qu’il ne soit trop tard. On a vu des choses que l’on ne voyait pas avant», raconte-t-il.
«Des idéations suicidaires, on en a eu peut-être cinq dans les quinze dernières années, alors qu’on en a eu cinq depuis Noël, poursuit-il. Tout a changé et le fait qu’on soit encore là a rendu notre rôle primordial. On passe toujours par le basketball, mais on peut mettre nos lunettes de travailleur social si les choses ne vont pas», témoigne M. Dusseault.
Entraînements individuels
Grâce à la collaboration du directeur de l’école, M. Olivier Roy, que M. Dusseault qualifie de visionnaire, et à un protocole très serré mis en place par la santé publique, BDMB continue de suivre ses étudiants, dont le ratio de garçons/filles est de 60%/40%. Cette année, la cohorte compte 9 groupes de 16 personnes, la plus importante jusqu’à présent. Les membres proviennent des cinq années du secondaire.
Les séances d’entraînement d’équipe et les matchs à cinq contre cinq n’ont plus lieu.Les étudiants participent seulement à des entraînements individuels par petits groupes depuis le mois d’octobre. Les passes ne sont pas permises et la distanciation sociale est respectée. Chaque athlète a son propre ballon. À partir du mois de décembre, les jeunes ont dû commencer à porter des masques.
Jusqu’à présent, aucune éclosion n’a été décelée.
Le programme est doté de 20 entraîneurs et trois travailleurs sociaux. Quelques-uns d’entre eux occupent les deux rôles.
Chaque année, les jeunes enregistrent de nombreuses heures de bénévolat. Il s’agit d’un autre moyen pour les garder occupés et les impliquer dans leur communauté.
Les gymnases sont ouverts aux étudiants à longueur d’année. Ils peuvent ainsi s’y entraîner pendant l’été et le temps des Fêtes.
Succès
Cinq des joueurs de la présente cohorte de Jeanne-Mance ont signé avec des équipes du niveau collégial 3A, un record pour l’école.
Par ailleurs, plusieurs athlètes ayant participé au programme ont réussi à connaître du succès après leur passage à l’école secondaire. Au fil des années, certains ont choisi de se rendre aux États-Unis pour y jouer au niveau secondaire. D’autres se sont fait recruter par des équipes universitaires américaines de la NCAA.
C’est le cas de James Jean-Marie, qui avait été nommé le Joueur le plus utile du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) en 2016 alors qu’il jouait pour les Dragons de Jeanne-Mance. Celui-ci évolue à l’heure actuelle au sein de l’équipe universitaire d’Hawaii et s’en sort très bien.
Quelques anciens joueurs ont même poursuivi des carrières professionnelles à l’international, entre autres en Europe.
Les Dragons ont gagné quatre championnats au cours des cinq dernières années.