À l’occasion de la journée des femmes et filles de science, Métro s’est entretenu avec la Dre Mélanie Dieudé, résidente du Plateau Mont-Royal, scientifique émérite et mère de quatre enfants.
Mélanie Dieudé s’est installée dans le Plateau Mont-Royal en 1999 alors qu’elle effectuait son doctorat en immunologie à l’Hôpital Notre-Dame. Son amour pour les sciences l’a poussé à faire un premier postdoctorat en immunologie à l’Université McGill puis un second en transplantation d’organe à l’Université de Montréal (UdeM).
«J’ai toujours été intéressé par les sciences et la santé, mais surtout par ce que l’on ne connaît pas, dit-elle. Si on m’avait dit que j’allais étudier jusqu’à 35 ans avec mes congés maternité».
Elle est désormais à la tête d’un laboratoire au CHUM sur l’auto-immunité où elle travaille notamment sur le projet Laurent qui étudie les risques qu’ont les personnes immunosupprimées d’attraper une maladie transmise par leurs animaux de compagnie. Elle est aussi professeure en immunologie à l’UdeM et depuis peu, elle est directrice des opérations de recherche à Héma-Québec.
Être une mère scientifique
Enceinte de son premier enfant, Mélanie Dieudé défend sa thèse, et s’en suit trois autres grossesses lors de ses postdoctorats.
Même si cela peut paraître banal de nos jours, ce n’était pas chose simple à son époque, car aucun congé maternité n’était alloué aux étudiantes. Elle a donc dû prendre des congés de 6 mois pour chaque grossesse sans aucun salaire à la fin du mois.
Je n’ai jamais senti que je n’étais pas à ma place. Là où c’était difficile, c’était les conditions pour avoir des enfants.
Mélanie Dieudé
C’est le soutien de son mari et le «support incroyable» du CPE de son quartier qui selon elle, lui on permit de faire carrière. Elle se dit cependant très heureuse que les conditions aient changé, mais du travail reste à faire.
«Le monde des sciences évolue énormément, mais il faut que ça amène à des postes de direction, dit Mélanie Dieudé. Ce qu’il faut adapter c’est la maternité pour les femmes en sciences.»
Selon elle, la nécessité d’être constamment à jour comme l’impose la science rend difficile pour les femmes de s’absenter trop longtemps lors de grossesse.
Une scientifique émérite
Pour Mélanie Dieudé, l’apport des femmes en sciences est considérable. Elle cite notamment les chercheuses Joyce Rauch et Brenda Milner qui âgée de 103 ans continue d’apporter à la communauté scientifique.
Les femmes en science apportent une couleur et une façon de la faire d’une manière différente […] La science doit ressemble à notre société c’est donc important d’avoir une diversité dans la science.
Mélanie Dieudé
Bien que le monde scientifique puisse paraître fermé, Mélanie Dieudé affirme son besoin constant de collaboration.
«Je n’ai jamais été le type de scientifique qui veut son laboratoire pour s’asseoir toute seule», dit-elle.
C’est sa passion pour les sciences et l’impact qu’elle a sur la communauté qui la motive chaque jour. Cet impact sur la communauté, Mélanie Dieudé l’a réalisé récemment lors de son travail avec des patients immunodéprimés, un impact qui a fait sa «révélation de carrière».
Cette « bonne vivante » attache beaucoup de valeur à sa famille et à ses amis et ses désirs d’avoir une grande famille ne l’ont pas empêchée d’être une scientifique accomplie.
«Ce que je dis à tout le monde c’est que ma façon dont j’ai basé ma carrière et ma vie c’est de na pas avoir de regrets», explique-t-elle.
Avec sa détermination de conjuguer des sciences à son désir de fonder une grande famille,Mélanie Dieudé peut désormais regarder derrière elle avec beaucoup de fierté.