Jusqu’alors réticent à faire appel à l’Office de consultation publique de Montréal (OPCM), le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), Réal Ménard, demandera à l’organisme indépendant de se pencher sur la Cité de la logistique.
Cette décision réjouit les membres de 5000 signatures pour MHM, qui cherchent depuis fin décembre à récolter des signatures en vue d’une consultation auprès de l’organisme indépendant.
«Nous sommes très contents de voir que nous avons gagné sur certains points, se réjouit Patricia Clermont, membre du groupe citoyen. Cela montre que la voix des citoyens est entendue.»
Le matin de l’annonce, le groupe citoyen avait révélé avoir dépassé les 4000 signatures. Le maire nie un lien entre son annonce et le résultat de la collecte. «J’ai toujours dit que je prendrai tous les espaces pour consulter la population. Ce qui était important, c’est que la vocation [industrielle] du site soit confirmée. Nous avions clairement indiqué que nous allions à l’OCPM une fois le processus réglementaire du Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) terminé.» Le PIIA sera adopté en avril ou mai, après la tenue d’une consultation publique le 23 mars.
Pour l’opposition, la surprise est totale, puisque le maire se montrait réticent à cette idée. «Peut-être que le maire voulait couper l’herbe sous les pieds de la mobilisation citoyenne, se questionne Laurence Lavigne-Lalonde, conseillère Projet Montréal de Maisonneuve–Longue-Pointe. Il veut s’approprier le travail fait par les citoyens qui ont mis des heures et des heures en porte-à-porte pour obtenir ces signatures.»
L’annonce intervient alors qu’une première consultation publique, commandée à l’Institut du Nouveau Monde, a eu lieu le 28 janvier dernier. Celle-ci n’avait pas réussi à faire taire les doutes des citoyens.
Mandat
Le groupe 5000 signatures pour MHM ne baisse pas les bras pour autant. Même si le maire a annoncé une consultation, le contour du mandat n’est pas encore connu. Il devrait l’être en juin, selon la mairie, après l’adoption du PIIA.
C’est pourquoi le groupe de citoyens continue à amasser des signatures dans l’espoir de peser dans la balance du choix du mandat. «Nous souhaitons demander ce qu’on entend par zone industrielle, dit Patricia Clermont. Voulons-nous un no man’s land comme on en faisait dans les années 80 ou nous voulons une zone intégrée et tournée vers le XXIe siècle?»
Elle ajoute que la consultation devrait porter aussi sur un cadre plus large, qui prendrait en compte les développements en cours par le ministère des Transports, comme le prolongement de l’avenue de Souligny ou encore l’employabilité dans un secteur voué à être automatisé dans les prochaines années.
Pour la mairie, la consultation sera surtout l’occasion pour les citoyens de s’exprimer sur le cadre réglementaire et non l’essence du projet. «Dans le mandat qui a été donné, les citoyens pourront se prononcer sur le PIIA ou tout autre outil réglementaire qui vont permettre d’avoir une planification d’ensemble», insiste le maire.
L’opposition, de son côté, souhaite que le processus qui mènera à la consultation soit clair. «Les choses ont été faites à l’envers. Nous aurions dû d’abord parler du Programme particulier d’urbanisme avant le PIIA, explique Laurence Lavigne Lalonde. Là, nous ne savons pas ce qui sera proposé à l’OCPM et tenir une consultation sur le PIIA serait nettement insatisfaisant. Ce ne sont pas les aspects cosmétiques du projet qui doivent être débattus, mais sa pertinence pour le quartier.»
La Cité de la logistique est un projet d’industrialisation situé au milieu de l’arrondissement, principalement tourné vers les entreprises de logistiques.