Le déploiement d’une navette fluviale et la création d’un bureau de projet dédié à la transformation de la rue Notre-Dame en boulevard urbain sont au cœur de la stratégie pour la revitalisation de l’est de l’île annoncée par le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal.
Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole, et Valérie Plante, mairesse de Montréal, ont affirmé vouloir entamer rapidement un grand chantier qui mettra l’accent sur la mobilité et le développement économique, lors d’une conférence de presse tenue vendredi, à l’observatoire de la tour olympique.
À court terme, Québec et Montréal iront de l’avant avec une refonte du réseau d’autobus, incluant l’ajout de véhicules hybrides dans l’Est.
La navette fluviale reliant Pointe-aux-Trembles et le centre-ville sera de retour, et une étude sera effectuée en vue de son intégration à l’offre de transport collectif régional. « Le projet pilote a confirmé l’intérêt de cette option qui en plus de son utilité, met en lumière tout le potentiel de mobilité du fleuve », a indiqué la ministre Rouleau.
Le réaménagement de la rue Notre-Dame sera dirigé par un nouveau bureau de revitalisation, qui inclura des représentants du gouvernement québécois, de la Ville et de l’autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).
« Nous travaillerons pour créer un boulevard urbain et moderne, du pont Jacques-Cartier jusqu’à la Pointe-de-l’île, a affirmé Chantal Rouleau. Notre objectif est de rationaliser le camionnage et de transformer Notre-Dame en un axe de transport fluide. »
Des ententes avec le port de Montréal seront conclues afin que les camions puissent entrer et sortir des installations portuaires sans alourdir la circulation. Les travaux s’intégreront au projet déjà en court pour revitaliser le secteur autour du Faubourg Contrecoeur.
Un tramway dans les cartons
La revitalisation de cette artère « moderne et importante » nécessitera le développement d’un mode de transport lourd qui longera l’ancienne voie ferrée; un projet qui est déjà sur la table à dessin de l’ARTM.
« Nous pensons à un tramway, a indiqué Mme Rouleau, mais laisserons l’ARTM, dont c’est le mandat, nous conseiller sur la meilleure technologie à choisir. »
La mairesse Valérie Plante a également réaffirmé la volonté des administrations de poursuivre la mise en place du service de bus rapide sur Pie IX, qui sera prolongé jusqu’à la rue Notre-Dame. « Nous nous attendons à terme à ce que plus de 70 000 personnes l’utilisent, on espère pour 2022 si tout va bien », a-t-elle ajouté.
Les partenaires se font avares de détails concernant les calendriers pour ces projets, mais Mme Rouleau a affirmé que les échéanciers « très raisonnables » seront spécifiés « lors d’une prochaine rencontre ».
Favoriser le développement économique durable
Parmi les autres actions à déployer à court terme, l’identification des sites stratégiques à décontaminer, l’évaluation des besoins en infrastructures routières et la mise en valeur des terrains prêts à l’investissement.
« Notre gouvernement s’était engagé dans la campagne à des investissements de 200 M$ pour la décontamination des sols de l’Est, a rappelé Mme Rouleau. Nous identifierons très bientôt les sites prometteurs afin de les rendre accessibles à des entreprises innovantes. Notre équipe est déjà au travail. »
Le développement de la zone industrialo-portuaire de Montréal et les travaux d’amélioration de l’accès au port dans l’axe du boulevard l’Assomption seront également poursuivis.
La présidente de la Chambre de Commerce de la Pointe de l’Île, Louise Masquer, affirme «qu’on ne peut que se réjouir de ces annonces», particulièrement la revitalisation du boulevard Notre-Dame, « moteur du développement de l’est », et du retour de la navette fluviale.
« J’ai eu l’occasion de l’essayer, et c’est formidable. Il faut que ça démarre le plus rapidement possible, dès le printemps prochain, surtout avec la fermeture du pont Louis-Hyppolite-Lafontaine qui s’est vient. »
Même réaction enthousiaste du côté de la présidente-directrice-générale de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, Christine Fréchette, qui souligne l’aspect multi dimensionnel des annonces d’aujourd’hui. « On traite à la fois des transports avec le bureau de projet, de la décontamination des sols, et on travaille également à positionner l’est dans des créneaux innovants. »
Elle se réjouit également des interconnections qui seront créées au niveau du réseau de transport. « Avec l’annonce que le SRB sur Pie IX descendra jusqu’à Notre-Dame, on crée une alternative qui favorisera le désengorgement de la ligne orange », ajoute Mme Fréchette, selon qui des approches devront être faites auprès du gouvernement canadien afin de profiter des différents programmes qui pourraient contribuer à « ce travail de longue haleine. »
Soulignons que l’annonce a eu lieu en présence de plusieurs acteurs et élus de l’est de Montréal, dont Christine Black, mairesse de Montréal-Nord, Pierre-Lessard Blais, maire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Lili-Anne Tremblay, conseillère d’arrondissement du district de Saint-Léonard-Est, Éric Alan Caldwell, conseiller de ville d’Hochelaga, ainsi que du maire de la Ville de Montréal-Est Robert Coutu et de Richard Campeau, député caquiste du comté de Bourget.
Une annonce à veille d’une élection
La conférence de presse conjointe a été tenue deux jours avant l’élection partielle à la mairie de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles.
Appelée à commenter le moment choisir pour faire une telle annonce, à Chantal Rouleau a expliqué que les horaires respectifs des deux dirigeantes ne permettaient pas d’attendre après l’élection.
« C’est le meilleur temps que nous avons. Je suis en politique pour le développement de l’est de Montréal, et on calcule que dans les 100 premiers jours, on doit livrer la marchandise », a affirmé Chantal Rouleau, qui a pris soin de souligner qu’elle connaissait bien les deux candidats qui se livrent bataille et qu’elle ne désire pas s’immiscer dans l’élection.
Une explication qui n’a pas convaincu le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville de Montréal, Lionel Perez. Bien qu’il salue l’entente, il se questionne au sujet du moment choisi pour en faire l’annonce.
« Nous nous questionnons toujours sur l’opportunité d’avoir tenu cette conférence de presse deux jours avant les élections partielles. Il n’y avait aucune urgence pour une telle annonce, d’autant que la plupart des éléments de la déclaration avaient déjà fait l’objet d’annonces préalables ».
Rappelons que Projet Montréal, parti de la mairesse Plante, tente de ravir le siège laissé vacant par Mme Rouleau, ex-mairesse d’arrondissement et ancienne membre d’Ensemble Montréal, après son élection à titre députée. Son ancienne chef de cabinet est d’ailleurs la candidate de Projet Montréal.