Des scientifiques ont décidé de combattre le feu par le feu en utilisant des plantes indigènes pour maîtriser l’implantation d’espèces végétales envahissantes sur les berges d’un étang du Jardin botanique de Montréal.
Espace pour la vie, entité qui chapeaute notamment le Jardin botanique, inaugurait le 16 juin une nouvelle station de phytotechnologie située à l’étang de la Maison de l’arbre Frédéric-Back.
La phytotechnologie est une technique utilisant des plantes pour résoudre des problèmes environnementaux, comme épurer l’air, l’eau et le sol, contrôler l’érosion et le ruissellement ou restaurer des sites dégradés.
Des scientifiques du Jardin botanique et de l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) collaborent depuis deux ans afin de régler concrètement des problématiques de plantes envahissantes auxquelles le Jardin botanique est confronté.
«Le roseau commun est la plante la plus problématique pour les milieux aquatiques dans la région de Montréal. L’étang était autrefois totalement envahi par cette plante», raconte chef de division recherche et développement scientifique à Espace pour la vie, Michel Labrecque.
Les scientifiques ont donc eu recours à des plantes indigènes afin de maîtriser l’implantation d’espèces envahissantes.
«Ces plantes indigènes jouent plusieurs rôles, explique M. Labrecque. Premièrement, elles occupent l’espace sur le sol, mais dans le sol aussi, ce qui empêche d’autres plantes de venir s’établir. Ces plantes jouent également un rôle de filtration pour tout ce qui est amené par le ruissellement lors de pluies.»
En plus des berges, des plantes indigènes ont été plantées sur des îlots flottant sur l’étang. Les racines de ces plantes filtrent l’eau. L’ombre créée par les îlots freine la prolifération d’algues puisqu’elle réduit les rayons du soleil, mais également la température de l’eau. De grands arbres poussant sur les berges de l’étang, tels que des saules, répondent aux mêmes objectifs.
Profitable pour la science
Selon M. Labrecque, la phytotechnologie pourrait être utilisée pour des étendues d’eau plus vastes, comme des lacs et des cours d’eau.
«Il y a toute sorte de bio-ingénierie qui existe pour les lacs et les cours d’eau. On peut imposer une végétation qui permet d’éviter l’érosion et d’empêcher l’intrusion de plantes indésirables.»
Ces infrastructures sont très profitables pour la science, explique M. Labrecque, et leur permettront d’améliorer leurs connaissances.
«Il n’y a pas beaucoup d’équivalents où on peut aussi bien suivre les choses. À la limite, on pourra aussi faire certains changements. Par exemple, nos îlots, on va les tester. Et on pourra mettre d’autres plantes, éventuellement, pour voir ce qui pousse le mieux.»
Les visiteurs n’ont pas été oubliés dans l’élaboration de cette nouvelle station. La terrasse d’observation rattachée à la Maison de l’arbre Frédéric-Back a été prolongée et des éléments éducatifs destinés à expliquer le fonctionnement et le rôle des plantes ont été intégrés dans les installations pour éveiller l’intérêt du public.
«On est très fier du résultat. Pour nous, inaugurer un jardin comme ça et participer à ça, c’est une joie énorme», affirme M. Labrecque.
Les visites guidées stoppées par la pandémie devraient également reprendre sous peu.