Une soixantaine de personnes ont marché ce jeudi dans les rues d’Hochelaga-Maisonneuve pour revendiquer un revenu de citoyenneté universel et inconditionnel.
La manifestation était organisée par l’Organisation populaire des droits sociaux (OPDS), dans le cadre de la Semaine de la dignité des personnes assistées sociales.
Également connu sous le nom de revenu minimal garanti, le revenu de citoyenneté permettrait de supprimer les injustices liées à l’aide sociale, un programme jugé intrusif – comparativement au chômage ou à l’aide financière versée aux étudiants –, explique le porte-parole de l’OPDS, Adam Pétrin.
«[Le revenu de citoyenneté] permettrait de répondre réellement aux besoins de base des personnes à l’aide sociale et, finalement, combattrait la pauvreté», soutient-il.
L’OPDS souhaite que ce revenu de citoyenneté atteigne le seuil de faible revenu.
Selon les chiffres de Statistique Canada, ce seuil est de plus de 26 000 $ dans une ville comme Montréal, ce qui est trois fois plus que ce que reçoivent actuellement les assistés sociaux au Québec, la prestation de base s’élevant à 726 $ par mois.
Une prestation qui est «ridiculement» basse et qui ne couvre pas les besoins de base, rappelle l’OPDS, puisque le coût mensuel moyen d’un logement 3 ½ à Montréal est de plus de 800 $ et que le panier d’épicerie serait d’environ 370 $ par mois.
Le revenu de citoyenneté serait non imposable et accessible à tous, même ceux qui ont un emploi.
Inégalité pandémique
L’OPDS reproche également au gouvernement du Québec de n’avoir «jamais cru bon d’augmenter les chèques des personnes à l’aide sociale» au plus fort de la pandémie, tandis «qu’environ 50% de la population canadienne [touchait] la Prestation canadienne d’urgence [PCU] à hauteur de 2000 $ par mois».
Avec un revenu de citoyenneté de plus de 2000 $ par mois, ne risque-t-on pas de décourager certaines personnes d’aller sur le marché du travail, une critique qu’on a d’ailleurs pu entendre à propos de la PCU? La porte-parole de l’OPDS, Zorana Lukić, ne croit pas que ce sera le cas.
«Ça fait beaucoup partie des préjugés que les gens ont envers les personnes à l’aide sociale, que ce sont des personnes qui ne veulent pas travailler, des personnes qui sont paresseuses, fait-elle remarquer. Les personnes à l’aide sociale, ce sont souvent des personnes qui ne peuvent pas travailler.»
La porte-parole explique qu’il y a des conditions physiques et cognitives qui font que certaines personnes ont besoin de cette aide de dernier recours.
De plus, Zorana Lukić rappelle qu’actuellement, les personnes à l’aide sociale ont droit de gagner seulement 200 $ supplémentaires par mois, sinon un montant est déduit de leur prestation.
Avant le départ de la marche au parc Morgan, une des membres du Comité BAILS a expliqué qu’un revenu de citoyenneté permettrait par exemple à une femme vivant une situation de violence de quitter plus facilement son conjoint. Cela permettrait également, selon elle, que les employeurs aient moins d’emprise sur leurs employés.
Selon les chiffres de février 2022, il y avait 304 952 prestataires de l’assistance sociale au Québec, ce qui représente:
- 236 075 ménages;
- 250 493 adultes;
- 54 459 enfants.
Les régions du Québec où le taux d’assistance sociale (0-64 ans) est le plus élevé sont:
- la Mauricie: 6,8%
- la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine: 6,0%
- Montréal: 5,9%
- l’Estrie: 5,2%
- le Centre-du-Québec: 4,9%
La moyenne au Québec est de 4,4%.