La promesse faite par l’Arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) de protéger les espaces verts du secteur Assomption Sud-Longue-Pointe semble fragilisée par un projet de construction immobilière dans un boisé aux abords de la station de métro Assomption. Une décision qui fait réagir l’opposition d’Ensemble Montréal et plusieurs citoyens engagés.
À l’ordre du jour de l’assemblée du conseil d’arrondissement de MHM de lundi soir se trouve le point 20.06 qui vise la signature d’une entente entre l’Arrondissement et Les Placements J.M.F. pour des travaux d’infrastructures nécessaires à la réalisation d’un développement résidentiel mixte. Ce développement prendrait place dans un lot situé à l’est du boulevard de l’Assomption, entre la rue de Marseille et l’avenue Pierre-de-Coubertin.
Le terrain concerné est en réalité un boisé situé tout près de la station de métro Assomption, boisé qui pourrait ainsi disparaître pour laisser place à de nouveaux immeubles.
Lors de l’assemblée du conseil d’arrondissement du 7 novembre, une motion demandant la protection des espaces verts dans le secteur Assomption Sud-Longue-Pointe et du sud de Louis-Riel avait pourtant été adoptée à l’unanimité par les élus, sans pour autant cibler des terrains précis.
«Je ne comprends pas la corrélation entre le discours vert qu’adopte l’administration et les actions concrètes qu’elle effectue dans l’est de Montréal», lance à Métro Alba Stella Zúñiga Ramos, conseillère de Ville de l’arrondissement dans le district Louis-Riel et membre d’Ensemble Montréal.
Un boisé riche en espèces
«Projet Montréal signera l’arrêt de mort d’un boisé exceptionnel», affirme François Plourde, un citoyen engagé depuis 2018 dans la protection du boisé, mais aussi cofondateur du collectif des AmiEs du parc-nature Ruisseau-de-la-Grande-Prairie et ancien candidat au poste de conseiller de Ville à Anjou pour Projet Montréal.
Amoureux de la nature, M. Plourde a fait l’inventaire de toutes les espèces végétales et biologiques que l’on peut retrouver dans le boisé. Selon ses recherches, ce dernier serait plus riche, plus ancien et contiendrait des espèces beaucoup plus rares que les boisés Jean-Milot, Vimont ou encore Steinberg.
C’est un trésor que l’on va détruire.
François Plourde, citoyen engagé dans la protection de la nature à Montréal
Il a notamment pu identifier des espèces indigènes que l’on ne retrouverait plus dans le secteur Louis-Riel et Assomption-Sud. Dans une partie du boisé se trouverait même une tilleraie américaine, tandis qu’une autre serait occupée par des peupliers deltoïde ou encore des cerisiers de Virginie.
«J’aimerais que la densification serve à sauver les milieux naturels qui restent, et non s’implanter dessus, déplore le citoyen. C’est un trésor que l’on va détruire, mais il faut que l’on garde espoir.»
Mobilisation citoyenne
M. Plourde, appuyé par le collectif Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM, appelle les citoyens à se mobiliser pour la protection du boisé en prenant part à une manifestation devant le bureau de l’arrondissement, vers 17h15 lundi, soit juste avant le début de l’assemblée du conseil.
Pour le moment, selon l’événement Facebook, une quarantaine de personnes sont intéressées à se rendre sur place pour signaler leur mécontentement.
Préserver les espaces verts
L’administration en place à l’arrondissement de MHM assure quant à elle qu’elle a à cœur la protection des espaces verts de son territoire.
«Bien évidemment que l’on travaille à préserver les espaces verts que vous avez identifiés. On n’a pas attendu votre motion pour le faire», avait ainsi déclaré Alia Hassan-Cournol, conseillère de Ville du district Maisonneuve-Longue-Pointe et élue de Projet Montréal, lors de l’assemblée du conseil d’arrondissement de novembre. Elle avait par ailleurs qualifié «d’hypocrite» la motion déposée par les élus d’Ensemble Montréal.
La conseillère avait également pointé du doigt la responsabilité des anciennes administrations, notamment celle de Réal Ménard, qui, selon elle, n’auraient pas eu assez de courage politique pour changer le zonage et éviter d’amener des projets industriels «aussi invasifs».
Contactée par Métro, l’Administration explique que l’autorisation de construire dans le boisé Assomption avait été donnée par l’ancienne administration lors de l’adoption du Programme particulier d’urbanisme (PPU) Assomption Nord en 2017. «Nous n’avons légalement pas le choix de le faire avancer», assure Mme Hassan-Cournol.
De son côté, Alba Zuniga Ramos considère que l’administration actuelle a eu assez de temps pour agir sur le dossier en cinq ans et demi de mandat, et a souligné à Métro que Projet Montréal avait aussi voté pour l’adoption du PPU Assomption Nord en 2017. «Nous voterons contre le point 20.06 ce soir», a-t-elle assuré.