Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

Le Pavillon d’éducation communautaire d’Hochelaga-Maisonneuve menacé d’expulsion

Le Pavillon d'éducation communautaire (PEC), situé au 1691, boulevard Pie-IX, est menacé d'expulsion d'ici le 31 décembre 2023. Il occupe cet édifice depuis 1979.

Le Pavillon d’éducation communautaire (PEC) d’Hochelaga-Maisonneuve et tous les organismes locataires situés au 1691, boulevard Pie-IX devront plier bagage d’ici le 31 décembre en raison de la détérioration importante de l’édifice. C’est ce que le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) leur a appris en novembre dernier, après que des inspections aient relevé le degré de vétusté du bâtiment.

Si elle était au courant que des travaux étaient nécessaires dans le bâtiment que son organisme occupe depuis 1979, la directrice générale du PEC, Martha Ortiz, a été totalement surprise par l’annonce. «On sait que le bâtiment est vieux et que de nombreux travaux étaient à faire, surtout pour l’isolation, parce que les fenêtres ne retiennent pas la chaleur, raconte-t-elle à Métro. C’est pour ça qu’on avait demandé une rencontre avec le CSSDM en mai 2022 afin de planifier des travaux. À la fin de novembre 2022, le directeur adjoint a demandé à nous rencontrer et on était contents parce qu’on sentait qu’on était entendus. Mais c’est là que le CSSDM nous a annoncé que les réparations coûteraient trop cher et que nous serions expulsés d’ici le 31 décembre 2023, pour des raisons de sécurité.»

La construction du 1691, boulevard Pie-IX remonte à 1904, alors que sa partie la plus récente a été construite en 1929. Photo: David Beauchamp, Métro

Pas assez de temps

Le responsable des relations de presse du CSSDM, Alain Perron, reconnaît par courriel que le Centre mettra fin au bail du PEC et des différents organismes du 1691, boulevard Pie-IX d’ici le 31 décembre 2023, afin «d’assurer que les lieux loués sont sains et sécuritaires» pour les occupants. Il rappelle la nécessité de travaux majeurs due à la vétusté importante du bâtiment, connue depuis plusieurs années, et ajoute que le CSSDM n’a pas la capacité financière de prendre en charge sa réhabilitation.

Mais pour Mme Ortiz, le délai est trop court pour trouver un endroit où déménager le PEC et les multiples organismes, alors que les loyers sont élevés et que les locaux assez grands pour les accueillir sont plus rares.

Décembre 2023, c’est demain! On a un an pour préparer notre déménagement, et peut-être moins, parce que si les prochaines inspections révèlent que la qualité de l’air ne rencontre pas les normes ou qu’il y a trop de moisissures, ils vont fermer l’édifice avant la date. Déménager un organisme comme le PEC est pratiquement impossible sans perdre d’autres plus petits organismes qui n’ont pas les moyens de se payer des locaux individuellement.

Martha Ortiz, directrice général du PEC

À qui appartient le bâtiment?

La question de la responsabilité de l’édifice a été maintes fois soulevées par le PEC. C’est pour cela que sa directrice générale a initialement interpellé le CSSDM, qui, en retour, a tenté d’obtenir du financement auprès des plus hautes instances gouvernementales, sans succès. Face à cette impasse, la responsabilité d’intervenir dans ce dossier revient dorénavant au ministère de l’Éducation, pour que ce dernier s’assure que les travaux nécessaires aient lieu le plus rapidement possible.

«On mise sur les rénovations du bâtiment, explique Mme Ortiz. Le député Alexandre Leduc est impliqué dans le dossier et nous a informé après ses enquêtes que le conseil scolaire a déjà commencé l’aliénation du bâtiment, c’est-à-dire sa condamnation. Le ministère de l’Éducation doit chercher une solution avec nous pour qu’on ne se retrouve pas à la rue d’ici quelques mois, ou même demain matin, si les analyses du bâtiment pointent vers une trop mauvaise qualité de l’air.»

Un autre scénario possible pour le PEC est d’acquérir le bâtiment. Cette option de dernier recours est explorée par le conseil d’administration de l’organisme depuis qu’il a appris son expulsion éventuelle. Bien que beaucoup d’argent doive être investi pour réparer le bâtiment – une somme évaluée à 30 M$ –, cette alternative permettrait de maintenir la vocation communautaire du lieu.

«On étudie ce scénario pour nous assurer que l’édifice demeure au service de la communauté et éviter qu’il devienne un immeuble à condos, explique la directrice générale du PEC. Ça fait 50 ans qu’on est ici et on a un impact énorme dans le quartier, donc, on veut négocier pour rester sur place.»

À noter que le CSSDM veut accompagner le PEC afin de minimiser les impacts de cette situation et se dit prêt à être un facilitateur si l’organisme décide de devenir acquéreur du bâtiment.

Le PEC s’organise

L’équipe du PEC a déjà planifié quelques moyens de pression afin d’attirer l’attention sur son problème, en plus de mettre l’accent sur l’importance de l’éducation populaire. À ce titre, une conférence de presse aura lieu le 20 mars, au cours de laquelle le PEC et les organismes prendront le micro pour exposer une liste de revendications afin de pouvoir rester sur place.

En parallèle de ce moyen de pression, une manifestation se tiendra le 31 mars, devant les locaux montréalais du ministère de l’Éducation, sur la rue Fullum, pour insister sur l’utilité et l’importance de l’éducation populaire.

«Cette action publique du 31 mars est symbolique pour qu’on dise haut et fort qu’on veut maintenir nos activités d’éducation populaire au 1691, Pie-IX, soutient Mme Ortiz. On offre toutes sortes de formations, on a même un Fablab, des imprimantes en trois dimensions et plusieurs autres outils que les gens peuvent utiliser à leur guise à faible coût. Des décrocheurs viennent ici afin de trouver de nouvelles motivations en faisant des projets qui les stimulent. On ne peut pas perdre ça.»

Le responsable des relations de presse pour le ministère de l’Éducation, Bryan St-Louis, précise que le CSSDM est propriétaire de l’édifice et donc responsable de l’utilisation qu’il fait de ses bâtiments et des baux qu’il conclut avec ses locataires. Bien que le ministère de l’Éducation soutient financièrement les six centres d’éducation populaire de Montréal, la question du bâtiment revient principalement à la CSSDM.

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