Montréal-Nord

Les organismes de Montréal-Nord moins financés que ceux de quartiers comparables

Selon une étude menée par le centre des jeunes l’Escale, Montréal-Nord percevrait moins de subventions provinciales pour ses organismes communautaires que d’autres arrondissements, pourtant dans la même situation de pauvreté. Pour plusieurs représentants de ces organisations, la situation doit changer.

«Il y a une vraie défaillance par rapport à d’autres arrondissements ayant le même indice de vulnérabilité, assure Steves Boussiki, directeur de la table de quartier de Montréal-Nord. C’est une problématique commune à tous les organismes de notre secteur. »

Les organismes communautaires sont principalement financés par deux types de subventions publiques : les financements par projet, qui sont des subventions ponctuelles et bien souvent non renouvelables, et le financement par mission, qui sont des contributions récurrentes finançant la mission globale des organisations. C’est ce dernier qui ferait grandement défaut aux organismes de Montréal-Nord.

«Le financement par mission, c’est un socle solide, car cela nous aide à payer les salaires et les locaux par exemple, explique Hoda Essassi, co-directrice du Centre des jeunes l’Escale. Sans ce socle financier stable, les organismes sont fragilisés et cela nuit grandement à nos activités.»

C’est le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) qui délivre la principale subvention publique à la mission globale, par le biais du programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC).

Menée à partir des données du recensement 2016, le Centre des jeunes a dressé un portrait comparatif avec Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et Villeray-Saint-Parc-Extension, deux arrondissements connaissant les mêmes indices de défavorisation que Montréal-Nord, tels que des fort taux de chômage, de décrochage scolaire, ou encore de personnes à faibles revenus.

«Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension reçoivent en moyenne respectivement plus de 7 et 9M$ chaque année, souligne Hoda Essassi. Le total à Montréal-Nord s’élève à un peu plus de 1,5 M$. La différence est énorme.»

Une différence que tente d’expliquer Julie Grenier, directrice adjointe aux partenariats pour le CIUSS Centre-Sud.

«Nous n’avons pas pour volonté de donner moins à Montréal-Nord, assure-t-elle. Il faut bien comprendre que les organismes doivent répondre à plusieurs critères pour être admissibles au PSOC. Ils doivent avant tout proposer une offre de service liée à la santé ou aux services sociaux. L’année d’admissibilité a également une incidence.»

Le même questionnement se pose du côté de Centraide du Grand Montréal, OBNL privée octroyant un financement à la mission de base de plusieurs organisations. Encore une fois, comparativement aux deux arrondissements précédemment cités, Montréal-Nord reçoit près d’un million de dollars de moins pour ses organismes.

«Nous investissons quand même beaucoup d’argent à Montréal-Nord, on parle de plus d’1,2 millions de dollars octroyés cette année», souligne Mario Régis, vice-président au développement social de Centraide du Grand Montréal.

Le vice-président explique en outre que le trop plein d’organismes amenait une sorte de confusion dans le tissu communautaire nord-montréalais.

«Nos donateurs veulent des garanties sur leur investissement, savoir si leur apport aura un impact socialement, affirme M. Régis. Avec Montréal-Nord, contrairement à d’autres quartiers, nous avions auparavant des difficultés de collaboration et de compréhension.  Ces problèmes ont été réglés et nous avons constaté les efforts des organismes pour adopter des priorités et des objectifs communs.»

C’est ainsi qu’en décembre, Centraide du Grand Montréal injectait un 80 000$ supplémentaire pour les organismes de Montréal-Nord.

Un plan d’action collectif à venir
Pour sensibiliser à cette situation, une première rencontre a été organisée le 13 novembre à l’initiative du centre des jeunes l’Escale en compagnie des principaux acteurs du milieu communautaire et de quelques élus.

« Cette première réunion, c’était pour alerter, explique Hoda Essassi. À partir de maintenant, nous allons établir un plan d’action pour trouver des solutions. Sans financement de base, nous nous retrouvons dans une précarité et nous ne pourrons pas faire de miracles pour nos jeunes.»

Du côté de Paule Robitaille, députée de Bourassa-Sauvé, on assure être au fait de la situation.

«Nous avons été mis au courant que nos organismes reçoivent moins de la part du PSOC, assure son responsable de bureau Dominique Debrosse. La députée est sensible à cette problématique et souhaite la ramener devant le gouvernement du Québec.»

Une institution de Montréal-Nord menacée ?
Contrairement à d’autres organismes de l’arrondissement, le Centre des jeunes l’escale, qui fête en 2019 ses 40 années d’existence, perçoit un très faible montant de la part du PSOC.

«Seulement 7% de nos revenus proviennent de cette subvention, assure Hoda Essassi. La majeure partie vient du fédéral via le Centre National de prévention de la criminalité, qui nous financent à hauteur de 42%.»

Sans cette contribution, qui pourrait prendre fin le 31 mars prochain,  l’organisme pourrait avoir à supprimer un poste de direction, quatre postes d’intervenants dans les écoles, et devrait potentiellement réduire ses heures de permanence et d’ouverture.

«Je ne comprendrais pas que la subvention ne soit pas renouvelée, car les résultats de l’Escale sont là et ils font un excellent travail auprès de nos jeunes, affirme Steves Boussiki. Cependant, l’Escale est aussi le seul organisme qui perçoit ce financement fédéral pour l’instant. En touchant un plus gros montant de la part du PSOC, cela risquerait de créer un déséquilibre avec les autres organismes jeunesse.»

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