Alors que plusieurs incertitudes planent autour de la rentrée scolaire en raison de la pandémie de coronavirus, des ex-élus scolaires de Rivière-des-Prairies et de Montréal-Nord dénoncent le vide laissé par la loi 40. Cette dernière a transformé, en février, les commissions scolaires en centres de services scolaire.
«On vient d’abolir tout un palier de démocratie au Québec», lance Renée-Chantal Belinga. La conseillère d’arrondissement indépendante dans Montréal-Nord a également été commissaire scolaire de 2014 à février 2020 dans la circonscription 9 de l’ancienne Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPÎ).
«Comment va se faire la répartition de la taxe scolaire pour les milieux défavorisés, est-ce que les citoyens de Montréal-Nord seront entendus? C’est tout ça qui me préoccupe», souligne-t-elle.
Des commissions scolaires aux centres de services scolaire
Au mois d’octobre prochain, le Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI) mettra en place un conseil d’administration composé de cinq parents provenant de chacun des districts de son territoire, de cinq membres du personnel ainsi que de cinq membres de la communauté.
Or, selon Antonio-George Urlea, élu de 2014 à février dans l’ancienne circonscription 8, dans Montréal-Nord, les commissaires scolaires avaient davantage de poids, en partie parce qu’ils étaient élus.
Henri-Robert Durandisse, ex-élu scolaire pour la CSPÎ dans Rivière-des-Prairies, met de son côté de l’avant le rôle d’«acteur de proximité» qu’avaient les commissaires.
«Pendant la pandémie, on serait allés sur le terrain, malgré la fermeture des écoles, pour être à l’écoute des besoins des parents», explique-t-il.
«Les parents se sentent démunis par rapport à l’école présentement. Est-ce qu’ils vont pouvoir prendre leur place?»- Henri-Robert Durandisse
Pas de consultation pendant la transition
En vertu de la loi 40, les élus scolaires terminaient leur mandat le 8 février 2020. Or, jusqu’au 30 juin, les quelque 700 élus scolaires à travers la province faisaient partie d’un comité-conseil pour assurer la transition.
«Je n’ai jamais été interpellée de février jusqu’à aujourd’hui», déplore Renée-Chantal Belinga. Antonio-George Urlea et Henri-Robert Durandisse affirment également avoir été peu consultés, voire pas du tout, pendant cette période.
«Il n’y a pas eu d’appel, pas d’invitation», laisse tomber M. Burandisse. Quant à lui, M. Urlea affirme s’être buté à un mur lorsqu’il est allé de l’avant pour proposer des idées à la direction générale du CSSPÎ.
Les trois ex-élus scolaires soulignent qu’ils auraient pourtant pu mettre leur expertise au service de la communauté alors que les écoles vivaient de grands défis avec la pandémie, de l’école à la maison aux infrastructures, en passant par la pénurie de personnel.
Une proximité perdue
Avec les centres de services scolaires, les écoles s’éloignent de leurs milieux, selon les trois élus.
«J’avais une bonne compréhension de mon territoire, Montréal-Nord, qui avait une réalité très particulière», explique Renée-Chantal Belinga. Dans les conseils d’administration des centres de services, cette proximité sera perdue, selon elle.
Elle ajoute que le conseil des commissaires se démarquait par la diversité de ses membres, ce qui favorisait la création de liens avec les nouveaux arrivants.
S’ils ne sont pas rassurés par la manière dont s’est passés la transition, les trois anciens élus tiennent tout de même à mettre leur expertise au service de la direction générale et de la communauté.
«On est prêts à trouver des moyens pour continuer à contribuer à l’école québécoise, qui demeure un bien commun», souligne M. Durandisse.
Car, selon lui, l’important, c’est que la voix des parents demeure entendue.