Le risque de contagion de COVID-19 chez les enfants a fait l’objet de différentes études au cours des derniers mois. Mais qu’en est-il vraiment? Trois experts font le point.
« On voit que les enfants de moins de 10 ans sont peut-être moins « efficaces » pour transmettre le virus», indique Dr. Howard Njoo, administrateur en chef adjoint de la Santé publique du Canada. Le précepte, adopté par Québec, et d’ailleurs à l’origine de l’imposition du port du masque obligatoire pour les élèves dès la 5e année du primaire.
Benoit Barbeau, virologiste au Département des sciences biologiques de l’UQAM, abonde dans le même sens. Il souligne que plusieurs études en sont venues à la même conclusion, notamment une vaste étude réalisée en Corée du Sud, et endossée récemment par Anthony Fauci, épidémiologiste en chef de la Maison-Blanche.
« Le risque augmente avec l’âge », affirme pour sa part Joanna Merckx, épidémiologue à l’Université Mc Gill et employée de Biomerieux Canada. « Mais est-ce qu’il y a vraiment une différence importante entre l’enfant qui a 9 ans et demi et un enfant qui a 10 ans et demi? », questionne-t-elle.
Pour l’épidémiologue, les statistiques avec lesquelles on travaille présentement sont à prendre avec précaution. Certaines études sont faites en regroupant les données par groupes d’âge, ce qui mitige selon elle la précision des données.
À son avis, des combinaisons de différents types d’études tenant compte de l’environnement des enfants seraient nécessaires. « Ça ne dépend pas seulement de l’âge. Ça dépend du contexte» ajoute-t-elle.
Moins susceptibles d’avoir des complications
Les experts s’entendent sur le fait que les complications sont beaucoup plus rares chez les enfants. « C’est sûr que les enfants sont moins susceptibles d’avoir des symptômes, d’être malades, d’avoir la nécessité d’être hospitalisés. Les enfants qui sont morts, c’est vraiment très, très, rare», indique Mme Merckx.
Pour M. Barbeau, cela s’explique, entre autres, par le fait que les enfants semblent avoir une immunité plus forte et plus adaptée. « Ça suggère que les enfants auront une meilleure protection, et seront mieux capables de passer à travers les premiers mois [de la rentrée] sans avoir de symptômes trop sévères », indique-t-il.
Cependant, il rappelle qu’il y aura toujours des exceptions. Notamment, les enfants ayant des conditions plus sévères ou des maladies chroniques ne pourront pas retourner en classe.
Des nombres de cas à confirmer
Depuis le début de la crise, les statistiques démontrent que le nombre de jeunes enfants ayant attrapé la COVID-19 serait très bas en comparaison aux adultes.
Malgré tout, M. Merckx précise qu’il faut être prudent dans l’analyse du nombre de cas réels.
Selon elle, le fait que les enfants soient souvent asymptomatiques cause un biais, car la présence des symptômes chez l’enfant est souvent ce qui motive le parent à le faire tester.
Un questionnement partagé par Dr Jesse Papenburg, spécialiste en microbiologie et en infectiologie pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants lors d’une entrevue accordée au Devoir. Selon elle, les tests de séroprévalence seraient la meilleure façon d’avoir l’heure juste.
Importance des mesures sanitaires
Les experts concordent sur le fait que les mesures telles le port du masque, le lavage de mains et la distanciation physique devraient contribuer à réduire la propagation du virus en milieu scolaire.
« C’est en appliquant de bonnes mesures qu’on devrait être capable de retourner progressivement à un niveau qui est plus proche de la normalité », exprime M. Barbeau.
Pour Mme Merckx, il sera toutefois important de faire des études qui permettront de déterminer leur efficacité réelle – afin de les adapter et les améliorer.
Selon Dr. Njoo, il n’y aura jamais de «risque zéro». L’important sera donc de ne pas faire déborder les services de santé. «S’il y a des cas, l’important c’est d’être capable de détecter rapidement, d’isoler et de faire le traçage des contacts», conclut-il.