Tout le monde connaît Vidéotron. Mais très peu de gens savent qu’un homme de Montréal-Nord est à l’origine de cet empire des télécommunications qui compte aujourd’hui son chiffre d’affaires en milliards de dollars. À compter du 7 mai, le public pourra découvrir André Chagnon avec le documentaire En tête de ligne, diffusé partout au Québec.
À 93 ans, André Chagnon accepte finalement que son histoire soit racontée. Humble, l’entrepreneur émérite a toujours balayé de la main les offres pour le grand écran. Mais voilà qu’en 2017, sa petite-fille entre dans le portrait.
«Il avait eu plusieurs offres, mais il a toujours refusé. Avec moi ça a été différent, mais il se demandait qu’est-ce qu’on allait raconter», affirme Garance Chagnon-Grégoire, coproductrice et coscénariste du long métrage.
À ses côtés dans cette aventure, Joëlle Arseneau voit pourtant André Chagnon comme l’une des figures de proue du Québec Inc., ces entreprises francophones qui firent la fierté de la province à l’époque de la Révolution tranquille.
«Avant les années 1960 au Québec, la classe d’affaires, c’était surtout les anglophones. On a vu arriver par après des fleurons québécois comme Jean Coutu, Bombardier, Saint-Hubert et dans ce cas-ci, Vidéotron», souligne la réalisatrice et fondatrice de la maison de production Le Pied marin.
Icône nord montréalais
«Comment un homme peut-il cheminer des rues de Montréal-Nord pendant la Grande Dépression jusqu’au sommet d’un empire», demandent les deux jeunes réalisatrices dans le synopsis de leur premier long métrage. Une chose est certaine, André Chagnon s’est toujours donné les moyens de ses ambitions.
Fils d’électricien, M. Chagnon grandit à Montréal-Nord dans les années 1930, en pleine crise économique. Son père, prudent vu les circonstances, veut consolider son entreprise et assurer une sécurité pour sa famille. Toutefois, le jeune André voit au-delà des risques.
«Lorsque la câblodiffusion est arrivée, il a vu une infinité de possibilités. Il a flairé l’opportunité. En 1964, il a fondé Vidéotron. Le premier bureau d’entreprise était sur la rue Monselet», raconte Garance Chagnon-Grégoire.
Décrit comme un homme très calme et discipliné par son entourage, M. Chagnon était un visionnaire. D’une curiosité sans borne, il s’intéressait au moindre détail de son entreprise, en passant par le marketing et le service à la clientèle.
En constante expansion, la compagnie mène une stratégie d’affaires axée sur l’acquisition. En 1986, l’entreprise «explose» avec l’achat de la majorité des droits de vote de Télé-Métropole, une station de télévision française privée qui deviendra TVA.
Après plus de trente ans à la barre de Vidéotron, André Chagnon cède finalement son entreprise à Québecor Média en 2000. Ici et à l’international, ses contributions ont été maintes fois soulignées, notamment avec une intronisation au Temple de la renommée de l’entreprise canadienne.
«Il a construit un empire ce monsieur, et nous on voulait souligner l’héritage qu’il a laissé au Québec. Il a révolutionné les télécommunications et le divertissement, et encore aujourd’hui, on voit la flamme dans ces gens qui ont pris part à l’âme et la culture de cette entreprise», fait remarquer Joëlle Arseneau.
En tête de ligne prend l’affiche au début mai, entre autres, au Cinéma Beaubien et au Cinéma Cineplex Odeon Quartier latin.