Après 27 ans passés à aider des enfants, mais aussi des adultes, à traverser des artères en toute sécurité, Marie-Nancy Édouard n’est pas prête à raccrocher son arrêt-stop portatif. Car, dit-elle, en entrevue avec Métro, la rue «c’est ma famille». La dame de 68 ans à qui «le Bon Dieu n’a pas donné d’enfants» est divorcée depuis longtemps et vit seule dans un appartement de Montréal-Nord.
«Je n’ai pas d’enfants dans ma vie, le travail c’est tout ce que j’ai et je souhaite continuer encore longtemps», concède celle qui est arrivée d’Haïti au Québec en 1989. Au début, Mme Édouard a travaillé dans une manufacture de fabrication de papier cadeau. Mais quatre ans et demi plus tard, l’entreprise a fait faillite et elle s’est retrouvée sans emploi.
«J’ai eu l’idée de postuler comme brigadière et je l’ai eu le poste sans trop grande difficulté», se souvient-elle. Et depuis, en face de l’école Henri-Bourassa, elle s’occupe des enfants d’au moins trois autres écoles du secteur – dont Jules-Vernes – qui font face à une circulation dense le matin, midi et le soir.
Pas le temps pour la retraite
La sexagénaire a des horaires de travail atypiques. Dans un premier temps, elle commence à 7h30 et termine à 9h. Elle accompagne ensuite les enfants qui vont dîner à la maison à partir de 11h15 et doit recommencer vers 14h30 afin de les aider à rentrer chez eux en toute quiétude.
Il m’arrive d’aider des adultes aussi, note Mme Édouard, car il y a beaucoup de circulation dans le coin.
Marie-Nancy Édouard, brigadière scolaire à Montréal-Nord
«Les enfants m’appellent Manmie. J’ai de très bon rapport avec eux et ils m’écoutent quand je leur parle, j’aime ça», ajoute celle qui n’a pas eu la chance d’en avoir dans la vie.
Marie-Nancy Édouard est officiellement retraitée depuis deux ans. Mais, même l’hiver, elle se plait à être dehors avec les écoliers. «J’ai mes vêtements pour travailler dehors, je suis comme le père Noël en hiver. J’ai chaud quand je travaille, puisque je bouge», explique la brigadière.
En 27 ans de carrière, il lui arrive même de tomber lorsqu’il y a de la glace sur la chaussée. «Mais comme je m’habille chaud, cela me fait un beau coussin. Et donc je n’ai pas mal», lance la sexagénaire avec le sourire.
Une médaille pour récompenser son parcours
Pour ses exploits et sa longévité, la députée de Bourassa-Sauvé, Madwa-Nika Cadet, lui a remis, récemment, la médaille de la députée afin de souligner son parcours exceptionnel. «Elle m’a donné une belle médaille et a donné une réception en mon honneur. C’était super», se souvient Marie-Nancy Édouard. Rony Sanon, le représentant du député fédéral, Emmanuel Dubourg, était également présent.
Elle dit être en bonne santé physique jusqu’à présent et ne prend pas de médicament, à 68 ans. Même quand elle ne travaille pas, la brigadière préfère faire ses courses à pied. «Je n’ai pas le réflexe de prendre l’autobus, même quand aujourd’hui, c’est gratuit pour moi», dit-elle.
Depuis le 1er juillet, les 65 ans et plus jouissent de la gratuité dans le tout le réseau de transport en commun sur l’île de Montréal, une promesse électorale de l’administration Plante devenue réalité.