Dédiée au commerce local, la rue de Charleroi devrait ressembler à la rue Fleury, à Ahuntsic, selon le conseiller Jean-Marc Gibeau qui porte le dossier de la revitalisation de cette artère commerciale depuis une dizaine d’années.
L’arrondissement de Montréal-Nord a un plan pour redynamiser la rue, assure M. Gibeau. Étude en main, le conseiller de Ville affirme que ce secteur à un potentiel de 7000 consommateurs locaux.
Pour rendre la rue plus attrayante, l’administration a déjà investi 5 millions$ dans les infrastructures et deux autres portions de la rue seront encore améliorées.
«Nous étions certains que ce serait un catalyseur et que les commerçants embarqueraient dans le projet», affirme M. Gibeau.
La réglementation sur l’affichage a également été révisée afin de la rendre plus cohérente et de refléter une vision plus moderne de l’affichage. Le conseiller soutient que ces modifications ont été apportées en concertation avec les commerçants.
«Les trottoirs ont été modifiés parce que les commerçants se plaignaient que les voitures passaient trop vite et qu’ils n’avaient pas le temps de les voir. Pour ce qui est des affiches sur les poteaux, nous avons déterminé que ce n’était pas beau. Nous voulons ramener les commerces sur le trottoir», précise le conseiller.
Selon lui, il ne manque que quelques commerces phares, comme des bannières reconnues, pour redynamiser la rue de Charleroi.
Un projet de longue haleine
Ce n’est pas d’hier que la situation de la rue de Charleroi est peu reluisante. Au milieu des années 2000, l’administration locale et l’Association des commerçants (ACC) ont entrepris une réflexion sur la revitalisation de l’artère commerciale.
À l’époque, il était toutefois difficile de mobiliser les commerçants, se souvient Suzanne Langelier, fondatrice de l’ACC et ancienne propriétaire du bar Lindberg.
«Je ne suis pas sûr qu’il y a eu des consultations, mais il y a bien eu des rencontres. C’était plutôt décourageant quand on convoquait les commerçants et que presque personne ne venait. Il fallait parfois appeler des gens parce que nous n’atteignions pas le quorum pour nos assemblées», explique Mme Langelier.
Le conseiller Gibeau estime que c’est d’ailleurs là que le bât blesse.
«Pour les membres actuels de l’ACC, on dirait que tout ce qui a été décidé avant n’est pas bon. Nous ne faisons pas des règlements pour brimer les commerçants, nous avons une vision. Certains croient qu’ils peuvent venir s’établir ici et faire ce qu’ils veulent, mais ils doivent suivre les règlements. On ne peut pas les laisser faire!», déclare M. Gibeau.
Mme Langelier abonde dans le même sens.
«On ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. La rue de Charleroi a besoin de soins et si on veut lui donner du style, il faut maintenir le cap sur les orientations que nous avons données. Bien sûr, cela va heurter des gens en cours de route et il faut que les décisions soient intelligentes, mais si on veut aller quelque part, il faut bien y aller», explique-t-elle.
La femme d’affaires croit que la dévitalisation de l’artère est une spirale infernale qui doit absolument être renversée afin d’attirer de véritables entrepreneurs.
Elle penche toutefois du côté des commerçants qui critiquent les délais trop longs pour obtenir les permis nécessaires à l’affichage. Elle-même a dû consciemment contrevenir au nouveau règlement d’affichage.
Initiatives à venir
Malgré les difficultés et les différends, l’administration planche sur d’autres projets pour redynamiser l’artère, dont le retour d’un programme de financement pour la rénovation des immeubles commerciaux et un plan de marketing.
Le conseiller Gibeau estime également qu’une fusion entre l’ACC et les commerçants du boulevard Pie-IX serait bénéfique pour le milieu des affaires.
De son côté, le Centre local de développement estime que la situation est beaucoup moins alarmante qu’elle le paraît.
Jusqu’à jeudi, l’organisme mènera d’ailleurs un sondage auprès des citoyens pour connaître leur vision de l’artère commerciale.