Les déclarations du président de la Fraternité des policiers de Montréal à l’effet qu’une guerre de gangs a débuté à Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies font bondir les élus et les organismes des deux quartiers, qui déplorent son ton «alarmiste».
Yves Francoeur, de la Fraternité des policiers, avait qualifié «d’explosive» la situation à Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies, estimant que la vague d’incidents violents était symptomatique d’une reprise des hostilités entre bandes criminalisées.
Pierreson Vaval, directeur de l’organisme Équipe RDP, qui travaille en prévention de la criminalité, s’est indigné en prenant connaissance des propos de M. Francoeur.
«On instrumentalise nos communautés pour des intérêts corporatifs. C’est irresponsable», lance M. Vaval, rappelant le conflit de travail qui oppose les policiers à la Ville de Montréal.
«Oui, il y a des tensions, mais il ne faut pas tomber dans la démagogie. Quand on dit qu’il y a une guerre et que Rivière-des-Prairies est une poudrière, c’est complètement faux», insiste-t-il.
Ces propos rejoignent ceux de Gilles Deguire, maire de Montréal-Nord.
«Il vient saboter le travail qu’on fait depuis des années. Au moment même où je vous parle, le commandant [du PDQ 39] Jonathan Martel est en train de rencontrer différents intervenants pour leur présenter son plan de match», explique-t-il.
À son avis, les policiers du 39 «ont Montréal-Nord à cœur et croient à ce qu’ils font.»
«Ce n’est pas pour rien que des gens comme Pierre Allard et Michel Renaud [des agents sociocommunautaires] sont là depuis des lunes. Montréal-Nord n’est pas pire qu’ailleurs», rassure le maire Deguire.
La prévention
La conseillère de Rivière-des-Prairies, Nathalie Pierre-Antoine, n’a, quant à elle, pas voulu commenter directement les propos de M. Francoeur, mais assure que Rivière-des-Prairies est un endroit sécuritaire.
«On se promène dans la rue sans problème. Il y a eu quelques événements, mais quand on parle aux partenaires communautaires ou aux responsables de tous les postes de quartier de l’est, il ne semble pas y avoir de recrudescence», avance-t-elle.
Elle rappelle que l’arrondissement investit des montants importants dans la lutte à l’adhésion aux gangs. Au conseil d’arrondissement du mois de septembre, des contributions financières d’environ 100 000 $ ont été octroyées à des organismes du secteur.
Du côté du PDQ 45, le commandant Marin estime que les ressources sont suffisantes et que, quand la situation l’exige, des policiers de postes de quartiers limitrophes peuvent être appelés en renfort.
En ce qui a trait au poste de quartier 39, malgré une succession de crimes violents en peu de temps, le commandant Martel indiquait récemment que cela ne dénotait pas une problématique particulière et qu’il était trop tôt pour faire une corrélation directe avec les gangs de rue.