Ouest-de-l’Île

Marinacci préférerait les employés qui se taisent

Le maire de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, Normand Marinacci, apprécierait particulièrement employer des «gens d’ailleurs», parce qu’ils «travaillent sans jamais se plaindre, font leur travail et se taisent» affirme l’ex-directrice des travaux publics de l’arrondissement, Lise Landry, qui a porté plainte pour congédiement illégal et intimidation le printemps dernier.

Dans une lettre envoyée à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), dont TC Media a obtenu copie, Mme Landry dresse une liste de propos acerbes que M. Marinacci aurait tenus à l’égard de son personnel.

«Selon [lui], nous sommes tous des geignards et nous sommes trop gâtés. Nous avons trop de vacances et trop de droits. Les employés cols blancs attendent que le maire soit absent pour faire signer leurs vacances parce que chaque fois, il leur dit qu’ils en ont trop et qu’il ne devrait pas autoriser les demandes», peut-on lire dans la missive envoyée en juillet pour étoffer sa plainte.

M. Marinacci aurait également déclaré que les employés de l’édifice municipal du 13, rue Chauret, à Sainte-Geneviève, qui abrite notamment les comptes payables, la comptabilité et le service des archives, «sont tous des nids de couleuvres et des vipères».

De plus, le maire aurait accusé le directeur de la Ville de Montréal de faire du harcèlement à son égard.

Intimidation
Au cours de son mandat de six mois qui s’est terminé en mars 2016, Mme Landry dit avoir été témoin de nombreuses scènes d’intimidation et de harcèlement de la part de l’administration Marinacci à l’endroit de sept employés.

Le cas particulier d’une secrétaire a retenu son attention. «Alors que la dame devait réintégrer son travail après un congé-maladie, le maire a exigé que je l’informe qu’elle pouvait avoir le poste aux loisirs comme promis seulement si elle retirait la plainte qu’elle avait déposée contre la chef de division de l’urbanisme où elle travaillait», raconte Mme Landry.

La secrétaire ne voulait plus être en contact avec son ancienne patronne, de qui elle aurait subi du harcèlement. Une entente avait été négociée entre le maire Marinacci et le chef de section aux loisirs pour relocaliser l’employée selon Mme Landry.

Une entente hors cour a été proposée pour régler la plainte de Lise Landry devant la CNESST. L’arrondissement de L’Île-Bizard – Sainte-Geneviève n’a toujours pas paraphé le document.

Par ailleurs, il a été impossible de recueillir les commentaires de M. Marinacci qui n’a répondu à aucun de nos nombreux appels avant l’heure de tombée.

Tensions à L’Île-Bizard – Sainte-Geneviève
30 juin 2015 – Plainte des cols blancs contre la directrice d’arrondissement, Nancy Bergeron, pour menaces et intimidation.

12 août 2015 – Après enquête, le contrôleur Alain Bond confirme les allégations et souligne l’urgence de restaurer le climat de travail.

26 août 2015 – Le comité exécutif de Montréal démet Mme Bergeron de ses fonctions et suspend son salaire.

27 octobre 2015 – Vote des élus de Montréal d’accorder au comité exécutif le droit, pour deux ans, de suspendre ou destituer un directeur d’arrondissement.

28 octobre 2015 – Le comité exécutif de Montréal entérine une deuxième fois le congédiement de Mme Bergeron.

2 mars 2016 – Le Tribunal administratif du travail (TAT) ordonne à la Ville de Montréal de réintégrer Mme Bergeron, d’ici le 27 mars.`

2 mai 2016 – TC Media apprend que trois nouvelles plaintes de harcèlement, cette fois contre la chef de division de l’urbanisme, ont été déposées.

Juin 2016 – Après deux visites, la CNESST produit deux rapports recommandant la tenue d’une troisième enquête indépendante sur le climat de travail. La décision est contestée devant le TAT par l’administration Marinacci.

17 janvier 2017 – Le juge du TAT, Michel Larouche, n’exclut pas les conséquences légales des rapports de la CNESST. Aucune date n’a été fixée pour une prochaine audience.

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