«Pour les crimes qu’il a commis», Christophe Colomb ne devrait pas avoir une rue à son nom à Pointe-Claire, estime un citoyen, Ray Coelho. Il a présenté une demande pour que le nom d’une avenue soit modifié au conseil municipal pour la première fois en novembre. Depuis obtenu l’appui de la Coalition rouge, une firme de lobbying montréalaise, qui vise à éliminer la pratique du profilage racial et du racisme systémique. Le Conseil de bande de Kahnawake appuierait également cette initiative.
L’avenue Columbus, d’une longueur d’environ 140 mètres, se situe dans le secteur industriel de la municipalité.
«Les crimes commis par Christophe Colomb sont bien documentés, soutient M. Coelho. L’université Yale, aux États-Unis, a un programme d’études qui explique que Christophe Colomb est responsable du génocide d’au minimum 3 millions de gens sur l’île où il est débarqué, Hispanolia, (où se situent Haïti et la République dominicaine). Il a été responsable de génocide, d’esclavage sexuel et toutes sortes de crimes horribles contre les peuples autochtones. Personne ne conteste ça», projette-t-il.
M. Coelho, qui habite à proximité de l’Avenue Columbus, dit avoir parlé de son initiative avec de nombreux voisins, proches et amis depuis le mois de novembre et nombre d’entre eux lui auraient mentionné trouver «offensant» le fait que Pointe-Claire ait une rue nommée en l’honneur de Christophe Colomb.
Dans un reportage du média anglophone Global News, le conseiller municipal du district, Brent Cowan, a récemment indiqué que la Ville de Pointe-Claire ignore pour le moment si le toponyme de l’avenue Columbus réfère bel et bien à l’explorateur italien du XVe Siècle. Le conseiller ajoute par ailleurs que s’il en venait à être prouvé que c’est bel et bien le cas, la municipalité de l’Ouest-de-l’Île attendrait que la Ville de Montréal change le nom de sa propre avenue Christophe-Colomb, avant d’agir de son côté.
En consultant le site Web de la Commission de toponymie du Québec, on apprend que l’avenue Columbus, à Pointe-Claire, a été officiellement désignée comme telle en septembre 1997. Cependant, la Commission ne confirme pas que le toponyme Columbus désigne en fait l’explorateur italien du XVe Siècle.
«L’origine de ce nom et, le cas échéant, sa signification n’ont pu être déterminées jusqu’à maintenant», indique-t-on dans la fiche descriptive de l’avenue.
Réconciliation
Du côté de la Coalition rouge, on indique soutenir toute démarche qui comme celle de M. Coelho, tend vers la réconciliation avec les peuples autochtones.
«C’est une situation qu’on comprend et pour laquelle on a de l’empathie. On soutient M. Coelho dans ses démarches. Ça se lie avec toutes les demandes qu’on a eues récemment du conseil de bande Kahnawake», souligne le directeur de la firme, Mauro Pena.
Ce dernier précise par ailleurs qu’étant donné la réponse donnée par la Ville de Pointe-Claire, une demande sera présentée sous peu, en collaboration avec M. Coelho, à la Ville de Montréal pour qu’elle change le nom de son avenue Christophe-Colomb.
Rappelons qu’en juin 2019, la Ville de Montréal avait modifié le nom de la rue Ahmerst, toponyme qui se référait au général britannique du XVIIIe Siècle, Jeffery Amherst, pour le remplacer par le mot mohawk «Atateken». Autrement connu comme le «père de la guerre bactériologique», Ahmerst avait fait distribuer des couvertures infestées par la variole aux Autochtones.
Notons qu’aux États-Unis, de nombreuses villes ont commencé, à partir des années 1990 à changer l’appellation de leur fête qui célébrait Christophe Colomb, remplaçant le nom et la signification de cette fête afin de célébrer plutôt l’histoire et les contributions des peuples autochtones.
Il y a deux ans, Ray Coelho avait fait sienne une autre cause, amassant selon ses dires plus de 5000 signatures dans le cadre d’une pétition s’opposant à l’utilisation du fluor dans les usines de traitement d’eau potable de la Ville de Montréal, à Pointe-Claire et Dorval.