Ouest-de-l’Île

Opération pour limiter la pollution du ruisseau Bouchard

Le ruisseau Bouchard à Dorval est un des derniers cours d'eau de Montréal. Il se déverse dans le fleuve Saint-Laurent.

Plus d’une trentaine d’employés d’Aéroports de Montréal (ADM) se sont mobilisés pour nettoyer les berges du ruisseau Bouchard à Dorval, accompagnés de représentantes du Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME). Ces dernières ont profité de l’occasion pour offrir une séance de sensibilisation sur la manière de bien recycler et sur les impacts néfastes de la pollution dans ce cours d’eau provoquée par la présence d’essence et de matières toxiques découlant des activités de l’aéroport Montréal-Trudeau ou des industries avoisinantes.

«Le ruisseau Bouchard se jette directement dans le fleuve Saint-Laurent et il est extrêmement pollué notamment à cause de certains déversements provenant de l’aéroport et des déchets qui se trouvent dans le ruisseau, ce qui affecte la qualité de l’eau potable, soutient la chargée des opérations à l’Éco-quartier Lachine et animatrice en éducation relative à l’environnement pour le GRAME, Élodie Kulesza. Il est pollué à un point où on ne pourrait pas faire bouger les sédiments dans le fonds du ruisseau sans nuire à la qualité de l’eau une fois arrivée aux stations de filtration de Montréal.»

Une sensibilisation par l’action

Dans le cadre de son projet Allô Ruisseaux, le GRAME sollicite les entreprises et les citoyens afin d’organiser des opérations de nettoyage de berges et de cours d’eau à Montréal, tout cela dans une perspective de sensibilisation sur les dangers relatifs à la pollution des eaux de Montréal. Ils ont offert un atelier à ADM une semaine avant la corvée de lundi, ce qui a permis d’attirer plusieurs volontaires et de les informer sur l’importance du ruisseau Bouchard et des autres bassins versants à Montréal.

«Avant l’opération de nettoyage sur le terrain, on présente des ateliers plus théoriques pour les entreprises, comme on a fait avec ADM, précise la chargée de projet en consommation responsable, Carla Ramos. On leur a donné une présentation sur les ruisseaux de l’ouest de Montréal où on a pu parler de leurs aspects historiques et techniques au-delà de la pollution pour englober la protection des écosystèmes. Après ce côté plus théorique, on passe au côté pratique avec le nettoyage d’aujourd’hui.»

Malgré les impacts négatifs que ses activités peuvent avoir sur le ruisseau, ADM reconnaît l’importance de ce cours d’eau et organise une ou deux corvées de nettoyage par année depuis 2021, se tenant cette année lors de la Journée mondiale de l’environnement. Après deux heures de nettoyage, les volontaires ont rempli plus d’une quinzaine de sacs de déchets recyclables et non recyclables, en plus de trouver des objets inusités, tels qu’une valise contenant toujours des produits d’hygiène personnels.

Les volontaires posent derrière les déchets qu’ils ont nettoyés près des berges du ruisseau Bouchard. Photo: David Beauchamp, Métro

Changer les pratiques

ADM admet avoir un rôle à jouer pour rendre ses activités plus écoresponsables, et ce, en plus de sensibiliser ses employés sur les bonnes pratiques environnementales. C’est dans cet esprit que des systèmes de recyclage du glycol, un produit antigel utilisé pour les avions, ont été mis sur pied pour limiter la pollution du cours d’eau.

«Les mesures de sécurité pour nos activités aéroportuaires nécessitent un dégivrage des avions et nous ne pouvons pas lésiner là-dessus, explique le vice-président aux affaires publiques et au développement durable pour ADM, Martin Massé. On s’est rendu compte que le glycol apportait des risques pour le ruisseau, d’où pourquoi on a investi plus de 10M$ pour récupérer cette substance. Du glycol se retrouve encore dans le ruisseau, malheureusement, mais nous prenons cette situation très au sérieux et nous reconnaissons les défis de notre industrie dans le but d’atteindre la décarbonation.»

M. Massé ajoute qu’ADM souhaite utiliser certains de leurs espaces d’ici 2024 pour offrir une vitrine aux actions environnementales menées par le GRAME et leur donner plus de visibilité en plus d’offrir des cartes des ruisseaux situés sur leur site.

«On veut rapprocher GRAME du passager. On parle beaucoup d’expérience client, mais on se dirige vers une expérience citoyen où maintenant le voyageur est plus sensible aux enjeux environnementaux. On le voit par l’utilisation de leurs propres bouteilles d’eau réutilisables et même parfois leurs propres ustensiles. En offrant nos murs, on pourra offrir aux employés et aux voyageurs la chance d’en apprendre plus sur les activités de GRAME et sur la collaboration entre nos deux organisations».

Le projet Allô Ruisseaux se termine en novembre 2024 et le GRAME invite les entreprises et les citoyens à organiser des opérations de nettoyage d’ici ce moment. Pour ce qui est du ruisseau Bouchard, une autre corvée de nettoyage pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année.

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