Le nom mohawk que souhaite donner la Ville de Montréal au parc du sommet Outremont sur le mont Royal est remis en question par la Société d’histoire et le journaliste et auteur Normand Lester.
Le résident d’Outremont a qualifié de «troublant» et d’«imprudent» le choix de «Tiohtià :ke Ostirà’kehne», qui signifie «Autour du feu, sur l’île, où se séparent les hommes et les rivières».
Il a été choisi par les trois conseils mohawks de la région de Montréal. «Ce qui est incongru, c’est que les Mohawks ne sont pas des autochtones de la vallée du Saint-Laurent. […] Cette tribu est originaire de l’État de New York», a soutenu M. Lester lors de la période de questions du conseil d’arrondissement, le 4 juillet.
Du coup, il a mentionné que la plupart des historiens sont unanimes sur la provenance des Mohawks.
Pour M. Lester, l’idée d’attribuer un toponyme autochtone au parc du sommet Outremont est excellente. Ce nom devrait toutefois se rapporter à l’histoire du mont Royal et évoquer des noms rapportés dans les récits de Jacques Cartier selon lui.
«Tutonaguy»
Annoncé au début juin, le parc du sommet Outremont portera officiellement le nom en langue mohawk une fois approuvé par le conseil municipal et par la commission de toponymie du Québec.
Le président de la Société d’histoire d’Outremont, Jean Savard, recommande plutôt le terme «Tutonaguy», qui désigne un village autochtone relaté par Jacques Cartier en 1541.
«Il ne mentionne plus Hochelaga, mais Tutonaguy. On est certain qu’il était sur l’île de Montréal. L’histoire n’a toutefois pas retenu ce nom», explique M. Savard qui déplore que la Société d’histoire d’Outremont n’ait pas été consultée.
M. Lester, qui appuie cette proposition, avance que l’existence de ce village est aussi attestée par Jean-François de la Roque de Roberval qui a visité l’île de Montréal quelques mois après Cartier, en 1541. «Ça se veut une suggestion constructive. Ça devrait être un parc pour honorer les autochtones qui étaient à Montréal à ce moment-là», ajoute M. Savard.
Symbolique importante
«Tiohtià :ke Ostirà’kehne» vise à reconnaître la présence autochtone passée, présente et future sur l’île de Montréal dans le cadre de la stratégie de réconciliation de la Ville. «La dénomination du parc a une visée symbolique importante, car elle parle des liens que la Ville bâtit aussi aujourd’hui avec les nations mohawks et autochtones», explique-t-on au cabinet du maire Denis Coderre, par courriel.
La démarche s’est faite en coordination avec la Table de Concertation du Mont-Royal et le ministère de la Culture, en plus de consultations auprès des communautés mohawks.
De son côté, la mairesse d’Outremont, Marie Cinq-Mars, a promis que l’arrondissement fera valoir le point de vue de MM. Lester et Savard à la ville-centre.