Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les communautés juives hassidiques sont établies dans Outremont et le Mile End. Fin novembre, l’Arrondissement d’Outremont présentait un rapport qui fait un état des lieux des synagogues hassidiques. Celui-ci servira à la Table de concertation pour améliorer le bon voisinage qui a été mise en place en mai dernier.
Quand l’Arrondissement d’Outremont a confié au professeur en science des religions Frédéric Dejean la production un rapport sur les synagogues des communautés juives hassidiques, ce dernier a tout mis en œuvre pour garder une position de neutralité.
Sans proposer de solution à des enjeux qui touchent la communauté et les résidents de l’arrondissement, le professeur à l’UQAM a pendant plusieurs mois rencontré des acteurs des communautés juives hassidiques et des résidents non juifs hassidiques de l’arrondissement.
Le rapport vient s’ajouter à la documentation servant à mieux comprendre les lieux de culte des communautés juives hassidiques, dans le cadre de la Table de concertation qui vise à améliorer le bon voisinage entre les résidents juifs hassidiques et non juifs hassidiques.
La place des synagogues
De nombreux juifs hassidiques, venus de l’Europe de l’Est, se sont installés à Montréal à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Mile End et le Plateau étant dès avant la guerre des quartiers centraux pour les communautés juives, des synagogues étaient donc déjà présentes dans ces quartiers.
Comme l’explique Frédéric Dejean, les synagogues ont une place particulière dans le quotidien des juifs hassidiques. «La synagogue, c’est vraiment le cœur de la vie chez les populations hassidiques […] c’est un lieu de prière certes, mais c’est aussi un lieu d’étude, d’échange et surtout un lieu de socialisation.» Les hommes s’y rendent en moyenne deux à trois fois par jour.
C’est pourquoi les familles vont avoir tendance à habiter près des synagogues, d’où une certaine concentration géographique. Ainsi, la majorité des juifs hassidiques de Montréal habitent à Outremont.
Des enjeux urbains
Une partie du rapport se concentre sur l’enjeu urbain entourant les synagogues. Ces dernières sont soumises, comme toute organisation, à une réglementation spécifique. Les synagogues doivent détenir un certificat qui atteste que ce sont des «lieux de culte». Pour l’obtenir, elles doivent respecter un certain zonage.
Il peut exister pourtant un flou du côté des arrondissements en ce qui a trait à la distinction entre les lieux de cultes minoritaires et les groupes communautaires. L’identification s’avère donc parfois difficile.
Communautés et résidents
Frédéric Dejean a interrogé, dans le cadre de la rédaction de son rapport, des personnes issues des communautés hassidiques et des résidents d’Outremont qui n’en font pas partie.
La forte présence d’une communauté, n’importe laquelle, a un impact dans la vie et la culture d’un quartier. À Outremont, il arrive que quelques frictions se créent lors de la cohabitation entre les communautés hassidiques et les résidents non hassidiques. Cela peut être causé par exemple par le bruit produit par les rassemblements ou les installations des bâtiments religieux.
Mais, parfois, l’impact peut également être positif. «Il y a une dame qui disait qu’elle trouvait que le quartier était plus sécuritaire parce qu’il y avait toujours du mouvement dans la rue le soir», explique Frédéric Dejean. La Table de concertation qui rassemble des résidents issus des communautés hassidiques et non hassidiques permettra de trouver des pistes de solution pour une meilleure cohabitation.