À table

Immunothérapie orale: un espoir pour les enfants allergiques

Conférence d'un allergologue réputé qui pourrait diminuer la réaction allergique avec des micros dose. Alexandre et sa mère militent.

Au Québec, des milliers de famille composent avec le stress quotidien que représente une allergie alimentaire. Aucun traitement, mise à part la mitigation, n’est à leur portée. Le CHU Sainte-Justine pourrait toutefois ouvrir la première clinique de désensibilisation alimentaire au Canada, si les fonds nécessaires, soit 500 000$ pour deux ans de roulement, sont amassés.

«Le traitement consiste à faire manger aux patients des quantités infimes de l’allergène qu’il s’agisse d’arachides, d’œufs, de soya et j’en passe, explique Dr Philippe Bégin, allergologue. On augmente cette dose très progressivement sur plusieurs mois afin d’amener une désensibilisation.»

Le cœur de la Monteroise Anne-Sophie Tétreault a failli arrêter de battre lorsqu’au bout du fil, une voix lui annonçait que son fils avait par mégarde mangé des noix après avoir acheté un biscuit aux brisures de chocolat dans un kiosque du quartier.

«Heureusement, quelqu’un à proximité avait l’Epipen de sa fille. On s’est rendu à Sainte-Justine en moins de deux, juste avant que mon fils fasse une deuxième réaction, cette fois très grave. Voir son enfant sous intraveineuse, à peine conscient, c’est horrible, raconte-t-elle. On mange de 3 à 5 fois par jour. Pour mon enfant, c’est un risque chaque fois. »

Efficacité
Administré depuis le début des années 2000 par environ 10% des allergologues américains,  le traitement a un haut degré de réussite. Les études actuelles démontrent que ce dernier fonctionne dans 80 à 85% des cas, et permet de réintégrer l’allergène dans le régime alimentaire avec une médication quotidienne. Au bout de cinq ans, 50% des enfants guérissent complètement.

Selon le Dr Bégin, il ne faut en aucun cas minimiser le risque lié à ce traitement. «Les enfants doivent être suivis de près par leur allergologue, car il est possible qu’ils fassent de petites réactions.»

Une fois démarré, le nouveau centre permettra de traiter 200 enfants sur une période de deux ans. L’expert et son équipe feront ensuite un bilan des résultats afin d’obtenir à terme du financement public.

Contacté par TC Media, le ministère de la Santé s’est dit prêt à regarder la situation. «Nous ne sommes pas fermés à l’idée, et nous nous pencherons sur la question lorsque nous aurons eu une véritable proposition sur la table», a indiqué Julie White, attachée de presse du ministre Gaétan Barrette.

Au Québec, plus de 100 000 enfants vivent avec des allergies alimentaires. «Chaque année, les allergies coûtent plus de 25 M$ aux familles du Québec. Ce traitement peut changer des vies. L’ouverture de la clinique serait un véritable message d’espoir pour les patients, » conclut l’allergologue.

Levée de fonds

Pour parvenir à financer l’ouverture de la clinique, plusieurs parents se sont réunis sous le label Bye Bye Allergies afin d’organiser des activités de collecte de fonds et de sensibilisation.

Le 6 juin, Mme Tétreault organise, en collaboration avec la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, une conférence gratuite à l’école secondaire Mont-Royal, de 19h à 21h. Le Dr Bégin, une nutritionniste et une psychologue viendront discuter de l’importance de ce nouveau traitement et des répercussions des allergies.

Le regroupement ByeByeAllergies fait présentement circuler une pétition pour interpeller le ministre sur l’importance de l’ouverture de la clinique à Sainte-Justine. Pour plus d’informations sur la conférence et la pétition.

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