Après avoir souffert d’insuffisance rénale et bénéficié d’une greffe d’un rein, Berthe Martin multiplie les actions pour venir en aide aux personnes subissant cette même maladie. Son implication a été récompensée par la médaille de l’Assemblée nationale du Québec.
Assise derrière son bureau de l’Association générale des insuffisants rénaux (AGIR), situé sur le boulevard Gouin Est à Montréal-Nord, Berthe Martin semble perplexe. «Je ne sais pas trop quoi dire, souffle-t-elle, hésitante. J’ai toujours voulu aider, j’ai toujours aimé ça. Pour moi, c’est naturel.»
Bénévole puis directrice depuis 2008 de cet organisme qui vient en aide à près de 19 000 insuffisants rénaux, cette résidente de Rivière-des-Prairies a pourtant connu un parcours complexe.
Saluée par la ministre et députée de Bourassa-Sauvé, Rita de Santis, pour son implication auprès de la communauté, Berthe Martin, 65 ans, a elle-même longtemps souffert, dès son 26e anniversaire, de problèmes de ce type.
«L’insuffisance rénale, c’est une maladie malheureusement hypocrite»
Tout a commencé avant l’accouchement de Denis, son unique fils. «De vieilles plaies sur les reins, d’après les médecins, se sont réveillées, raconte-t-elle. L’insuffisance rénale, c’est une maladie malheureusement hypocrite. Tu t’en aperçois difficilement. J’avais une pression élevée, beaucoup de fatigue mais pas de douleurs particulières.»
Madame Martin est une battante, une personne qui met à profit l’expérience qu’elle a acquise dans l’adversité pour la mettre au service des autres. Elle a su mener d’importants projets à terme, en plus de mettre sur pied de nouvelles initiatives. Elle est un exemple pour la communauté.»
Rita de Santis, députée de Bourassa-Sauvée
Pendant près de 20 ans, elle cumule sa maladie avec un emploi au CLSC de Rivière-des-Prairies, en charge de l’organisation d’ateliers pour les enfants de moins de quatre ans, puis une garderie familiale à domicile. Mais à l’âge de 47 ans, «c’est devenu plus grave. C’était la dialyse ou la mort», confie cette native de la Gaspésie, qui perd petit à petit ses moyens physiques.
«J’étais épuisée, très faible. J’ai pris une masse dans la tête», se souvient Berthe Martin, avant de bénéficier d’une greffe de rein en 2004. «C’était comme si on avait rallumé la lumière et reculé la maison. Avant, tout me semblait lourd, noir. Puis, j’ai revis.»
«L’insuffisance rénale, c’est une maladie malheureusement hypocrite»
Dans les locaux d’AGIR, Berthe Martin transmet à présent son expérience, ses espoirs et son sourire. Alors qu’un octogénaire quitte son bureau, le pas lourd, elle emploie des mots positifs avant de le raccompagner.
«C’était un ancien pompier, le voir dans cet état de fatigue, c’est plate. Ce n’est pas lui», regrette la directrice, qui multiplie les conseils et les séances de soutien auprès des personnes souffrant de cette maladie.
«Il faut se battre, même auprès des institutions publiques et des hôpitaux pour que ces patients soient dans les meilleurs conditions. Je veux vraiment les aider, leur parler. Moi, je ne voulais pas faire subir mon état à mon mari et mon fils. Je ne voulais pas me plaindre, chialer devant eux. C’est plus facile d’en discuter ailleurs. Et surtout, c’est très important de les réconforter et d’être positif.»
AGIR en quelques mots
L’Association générale des insuffisants rénaux est un organisme provincial à but non lucratif créé en 1979. Il favorise le regroupement des personnes souffrant d’insuffisance rénale, organise des rencontres et même des camps de vacances durant la période estivale. AGIR coordonne également la logistique de déplacement vers les centres de dialyse. Renseignements: 514 852-9297 ou reins@agir.ca