Le Conseil des ministres a approuvé le projet de terminal pétrolier de Montréal-Estl, proposé par la Corporation Internationale d’Avitaillement de Montréal (CIAM). Malgré les réticences des regroupements écologiques, les travaux débuteront vers 2020 et pourraient s’échelonner sur trois ans.
Le projet du consortium de compagnies aériennes., d’une valeur de 150M$, comprend la construction de huit réservoirs sur un premier site en bordure du fleuve, près de l’avenue Richard, et d’un espace de chargement ferroviaire et autoroutier sur un deuxième site à proximité. Un pipeline serait aussi construit, d’environ sept kilomètres selon les documents du BAPE, pour relier les réservoirs au Pipelines Trans-Nord.
Rappelons que la CIAM a été créée en 1985 et est propriétaire des infrastructures d’approvisionnement présentent à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. Regroupant une trentaine de compagnies aériennes commerciales, elle souhaite relier ses réservoirs de carburant de l’aéroport au port de Montréal.
L’objectif est de remplacer le transport du carburant qui se fait présentement par train, camions et barges de la ville de Québec vers le réseau de Pipelines Trans-Nord, à Montréal. Cela aurait pour effet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES), selon la CIAM.
Lors de la consultation publique opérée par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), plusieurs groupes environnementalistes avaient émis des réserves sur le projet, notamment sur les risques reliés à l’utilisation des pipelines. C’est le cas du Comité de Vigilance environnementale de l’Est de Montréal (CVEEM), présidé par Vincent Marchione, qui avait déposé un mémoire désapprouvant l’installation «d’industrie lourde et polluante».
«On n’est pas à l’abri d’un déversement qui pourrait aussi affecter l’eau potable de la ville de Montréal.»
— Vincent Marchione, président du CVEEM
Inquiet, M. Marchione souligne le vieillissement du Pipelines Trans-Nord, qui sera ainsi soumis à «une pression plus forte», avec une «demande de plus en plus élevée de l’aéroport de Montréal». Il dénonce que le CIAM n’ait pas retenu les recommandations de son groupe écologique, comme d’éloigner les installations des habitations. Son groupe favorise plutôt une «transition énergétique», à Montréal comme partout au Canada.
Endroit stratégique
De son côté, le maire de Montréal-Est, Robert Coutu, se réjouit de la nouvelle. «On est déjà un terminal portuaire pétrolier», explique-t-il. Avec ses centaines de kilomètres de pipelines déjà enfouis dans le sol, le maire y voit une belle opportunité pour renouveler ses infrastructures, créer des emplois et diminuer les GES produits par le transport actuel.
«C’est sûr qu’on emmène plus de bateaux, de réservoirs, mais on a les caractéristiques et les particularités à Montréal-Est pour accueillir ce genre de projet là.»
— Robert Coutu, maire de Montréal-Est
M. Coutu souligne que le nombre de passagers aériens augmentent, selon un rapport du CIAM. «Est-ce qu’on décide d’arrêter de voyager demain matin?», questionne-t-il. «Jusqu’à ce qu’on invente l’avion électrique, ou hybride, pour le moment on en a besoin», affirme-t-il, en parlant du carburant.
«On ne fait pas ça n’importe comment et avec n’importe qui», dit le maire Coutu. Le projet a été approuvé par la Communauté métropolitaine de Montréal, l’agglomération et la ville de Montréal-Est; «il restait juste le Conseil des ministres». Assurant que sa ville est à l’écoute et que le processus n’est pas terminé, il insiste sur le fait que «le succès est dans le suivi».
Le maire Coutu y voit même une occasion pour l’aménagement d’un sentier piétonnier, d’une piste cyclable ou même d’un parc, comme au bord de l’eau.