D’ici à 2022, un centre de traitement des déchets organiques par biométhanisation devrait s’implanter à Montréal-Est. Le projet, porté par la ville-centre, veut se rapprocher de la cible de Québec, selon laquelle 60% des matières organiques devraient être récupérées et non enfouies. Mais des inquiétudes de citoyens font surface.
Le 12 novembre, la Ville de Montréal, porteuse du projet qui lui coutera 167M$, est venue à Montréal-Est présenter publiquement le projet de centre de biométhanisation qui sera construit sur le site de l’ancienne carrière Demix. Cette usine de traitement des déchets organiques devrait permettre de transformer 60 000 tonnes de matières organiques.
Manque de transparence, risque de pollution
Michel Desautels, impliqué dans le comité de coordination de Québec solidaire de Pointe-aux-Trembles, regrette les méthodes de la Ville-centre : « Dans cette réunion, ils ont mis en place des kiosques dans lesquels les citoyens peuvent venir poser leurs questions individuellement. Sauf que personne n’entend les inquiétudes des citoyens et les réponses de la Ville publiquement. C’est un processus de consultation qui me met mal à l’aise et qui manque de transparence. »
De son côté, Vincent Marchione, président du comité de vigilance environnementale de l’est de Montréal, ne voit pas cette usine « d’un bon œil ». « J’ai une inquiétude sur la masse de pollution que l’usine va dégager et qui va rejoindre la pollution de l’air déjà présente dans l’est de Montréal. Ce sera encore un impact de plus sur la qualité de l’air qui est déjà précaire. Malgré les discours de la Ville, ça ne nous enlève pas nos inquiétudes », explique-t-il.
Pour une autre citoyenne, cette implantation représente « encore une usine à Montréal-Est qui vient gâcher le paysage ».
Dans sa présentation, Eric Blain, chef de division du service de l’environnement à la ville-centre assure : « Il n’y aura pas d’odeur, l’ensemble du traitement des matières se fera à l’intérieur pour ne pas nuire à la qualité de l’air. »
« Un éléphant blanc »
Jean-François Parenteau, maire de Verdun et entre autres responsable de l’environnement, avance que ce seront « 2000 résidences dans l’est qui seront desservies par la production de gaz naturel, fabriqué par le centre de biométhanisation ».
Un chiffre qui ne semble pas convaincre Vincent Marchione : « Ce n’est pas suffisant pour un tel investissement ! D’ailleurs, selon mes recherches, l’ensemble des usines de ce type qui seront implantées au Québec, au nombre de sept, desserviront à peine 3% de la population ! Pour moi, ce projet, c’est un éléphant blanc ! »
Le président du comité de vigilance environnementale de l’est de Montréal évoque aussi la collecte des déchets organiques actuelle : « Elle ne se fait pas dans les immeubles de condos actuellement, alors que ces types de projets immobiliers sont en train d’augmenter… »
En effet, la collecte des déchets compostables se fait actuellement dans les immeubles de huit logements et moins (63% des logements). Pour les neuf logements et plus, la Ville de Montréal est en train de planifier l’offre dans ce type d’habitations dans le cadre de son Plan directeur de gestion des matières résiduelles.
Lors de l’annonce de l’octroi du contrat en août 2019, la Ville avait souligné que la construction des centres de Saint-Laurent et de Montréal-Est lui permettrait de réduire les embouteillages et la production de gaz à effet de serre. Actuellement, Montréal transporte par camion ses matières résiduelles jusqu’à Lachute et Joliette, où elles sont traitées par des entreprises privées.
La collecte des matières organiques dans l’Est en chiffres
60%
C’est le pourcentage de résidus alimentaires produits par les 1,4 million de personnes qui résident dans l’est de Montréal. Le reste, 40%, représente les déchets verts.
59 000 km
C’est le nombre de kilomètres qui pourraient être économisés par les camions pour le transport des matières organiques, chaque année, dans l’est de Montréal, selon la ville centre. Actuellement, pour le compostage des déchets alimentaires et des résidus verts représentent 89 240 km. Ces matières résiduelles sont envoyées à Joliette (alimentaires) et à Lachute (verts) dans des entreprises privées.