Comme près de 60 000 Québécois, Corinne Tastayre a fait le virage 100% électrique lorsqu’elle a dû remplacer sa voiture à essence il y a six ans. Depuis, la Prairivoise a également réussi à convaincre son conjoint de la suivre dans le mouvement. Leur garage compte désormais deux véhicules électriques.
Enseignant un cours de biologie qui parle régulièrement des changements climatiques, il était naturel pour Mme Tastayre faire la transition vers un mode de transport plus écologique. « Si j’avais entendu parler des voitures électriques avant, j’aurais sûrement fait la transition plus tôt », explique-t-elle. Pour elle, le choix de passer à un véhicule entièrement électrique était principalement environnemental.
Pour son conjoint, c’est le côté économique qui l’a attiré. Aujourd’hui, il leur serait « impossible de revenir à la voiture à essence, ça pue, ça coûte cher, ça pollue et ça fait trop de bruit ».
Selon Daniel Breton, porte-parole pour l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ), de plus en plus de ménages sont séduits après l’achat d’une première voiture électrique (VÉ). « Rapidement, le véhicule électrique devient la voiture principale du ménage, les gens voient tous les avantages, le confort et les économies, alors ils remplacent leur deuxième voiture par une électrique », explique-t-il.
Le « carburant » électrique
Comme 90% des propriétaires de voiture électrique, Mme Tastayre recharge sa voiture chez elle. Plus besoin donc de regarder le prix du carburant pour décider d’aller faire le plein, « le prix est fixé chaque année par Hydro-Québec, explique-t-elle. Ça me coûte entre 300 et 400$ d’électricité par an, ça ne paraît presque pas sur la facture, alors qu’une voiture à essence c’est le triple, parfois plus ».
Lorsqu’il reste peu de batteries ou que l’on n’a pas accès à une borne chez soi, les électromobilistes peuvent compter un réseau de bornes de recharge important. La plupart permettent un rechargement facturé à la minute qui est tarifé entre 1$ et 2,5$ par heure. Les bornes rapides coûtent 11,5$ de l’heure, mais octroient une recharge quasi totale en une trentaine de minutes.
Des bornes privées offrent également de se recharger gratuitement. Cela a notamment permis à Mme Tastayre de faire l’aller-retour Montréal-Niagara Falls pour moins d’un dollar. Avec une voiture à essence, ce trajet aurait coûté environ 135$.
Plus d’entretien
Outre les économies faites grâce à l’élimination de l’essence, ce sont également les frais d’entretien de la voiture qui baissent de façon importante. Car une voiture électrique n’a plus de changements d’huile, de filtre à air et les freins s’usent moins rapidement. Selon Sacha Leroux, technicien au garage Arleco Génération III dans Anjou, cela représente « une baisse d’environ 25% dans le coût de l’entretien ».
Depuis trois ans, ce garage se spécialise dans la réparation et l’entretien des véhicules rechargeables, c’est-à-dire hybrides et électriques. Aujourd’hui, près de 75% de sa clientèle sont des électromobilistes. Mais grâce à la vente exponentielle des VÉ ces dernières années, l’atelier est sûr d’atteindre le 100% dans la prochaine année. « Il va quand même falloir que d’autres ateliers spécialisés ouvrent, car nous ne pourrons pas répondre à toute la demande », explique-t-il.
Les voitures électriques encore victimes de mythes
Selon Daniel Breton, les VÉ sont encore trop souvent considérées comme des véhicules de luxe, « alors qu’en réalité ce n’est plus le cas », soutient-il. « On retrouve de nombreux modèles qui coûtent le même prix qu’une voiture à essence, surtout quand on révise les dépenses comme le carburant, l’entretien et l’assurance qui deviennent moins chers », ajoute-t-il. Selon M. Breton, il faut également considérer l’arrivée de nombreux véhicules électriques usagés avec une plus grande autonomie sur le marché comme une option intéressante.
Le prix des voitures électriques baisse particulièrement avec les rabais gouvernementaux à l’achat de voiture électrique neuve ou d’occasion qui peuvent aller de 2 500$ à 13 000$.
Cependant, l’offre serait beaucoup moins importante que la demande au Québec. Certains acheteurs doivent parfois attendre neuf mois pour obtenir leur véhicule. « Résultat, beaucoup de vendeurs et de concessionnaires essaient de vendre un autre véhicule, souvent à essence, pour rentrer dans leurs chiffres de vente », ajoute-t-il.
Malgré cela, la vente de véhicules électriques au Québec bat des records en 2019. En seulement une année (de septembre 2018 à septembre 2019), plus de 25 000 VÉ ont été achetés, et près de 22 000 en 2019 uniquement, note l’AVÉQ. L’association est confiante et espère atteindre les 100 000 véhicules électriques sur les routes québécoises avant la fin 2020.