Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Deux visions s’affrontent pour le développement de la Pointe-de-l’Île

Le secteur industriel de la Pointe-de-l’Île, SIPI, comprend des territoires situés dans la ville de Montréal-Est, les arrondissements de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles et d’Anjou.

Si les environnementalistes et la communauté des affaires s’entendent sur la nécessité d’une transition écologique dans l’Est de Montréal et dans la Pointe-de-l’Île, les moyens pour y parvenir sont loin de faire consensus, selon un rapport de consultation publique récemment dévoilé.

Une centaine d’acteurs socioéconomiques ont participé à une série de rencontres publiques et de sondages portant sur le projet de redéveloppement du secteur industriel de la Pointe-de-l’île (SIPI).

Ce dernier découle de la signature de la Déclaration pour revitaliser l’Est de Montréal en décembre 2018, et de l’engagement subséquent de verser une subvention gouvernementale de 100 M$ à la Ville de Montréal. Les fonds doivent servir au réaménagement et à la revalorisation des vastes terrains industriels contaminés de ce secteur de la métropole.

Or, c’est précisément l’utilisation future de ces terrains qui fait discorde, selon le rapport produit par la firme ZA communication, chargée de synthétiser les visions des participants.

Certains participants parlent directement de « métamorphose du positionnement industriel du SIPI en tant que projet de société qui positionne l’humain au centre des actions à poser », résume le rapport, tandis que d’autres évoquent une « transition qui tient compte des forces économiques et industrielles existantes, de leurs besoins et aussi des enjeux de production et de fabrication actuels sur le territoire ».

Parmi les acteurs consultés, on compte l’Association industrielle de l’Est de Montréal (AIEM), la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM), le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E), le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE), la Fondation David Suzuki et l’Institut de recherche en biologie végétale et Solidarité Mercier-Est.

Environnement et industrie, incompatibles ?

Appuyer sur le potentiel industriel du SIPI et utiliser l’investissement de Québec pour la création de nouvelles entreprises. C’est ce qu’avait par exemple recommandé la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Même si cette dernière porte un intérêt à un développement de technologies vertes, elle souhaite axer les efforts sur ses atouts industriels, sur le port, ainsi que sur les réseaux autoroutiers et ferroviaires.

Une opinion partagée par plusieurs autres acteurs économiques qui plaident en faveur de nouvelles activités en lien avec « les technologies propres, l’innovation et la recherche, les services, le transport commercial, les activités de logistique, et d’augmenter les emplois », explique le rapport de consultation. Car les possibilités sont énormes sur le SIPI : il bénéficie de 48 millions de pieds carrés de terrains vacants.

Toutefois, les organismes environnementaux recommandent plutôt d’utiliser les terrains vacants de manière à «maintenir et assurer dans le temps le statut de protection des milieux naturels intérieurs protégés », indique le rapport. Une position défendue par le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), de la Fondation Suzuki et de l’lnstitut de recherche en biologie végétale (IRBV).

D’autres participants regrettent que l’accent ne soit pas mis sur le potentiel de ces terrains vacants pour favoriser l’installation de parcs et d’espaces verts, plutôt que de miser sur l’exploitation industrielle.

À ce propos, des interrogations sur le futur du Golf d’Anjou ont été soulevées car son « rôle n’est pas clairement défini dans le document de vision ». Les participants pensent qu’il faudrait que ce dernier soit considéré comme un parc plutôt qu’un terrain vacant.

Pour sa part, le Collectif environnement Mercier est favorable à une transition du « tissus industriel vers une économie durable » avec des entreprises de services et non-manufacturières pour diminuer le transport commercial et le camionnage.

Pour pondérer ces visions, le rapport de consultation fait état d’un consensus autour de la mise en place d’une économie circulaire. Selon l’AIEM, « la circularité de l’économie est le meilleur moyen pour rallier les impératifs environnementaux, sociaux et économiques ». Notamment en investissant dans les bioénergies.

Un point fait toutefois consensus général, la nécessité d’un transport performant dans l’est de Montréal pour relier le centre-ville à la Pointe-de-l’Île. C’est d’ailleurs une des préoccupations majeures révélées par l’enquête en ligne menée par la ville de Montréal.

2050, c’est trop loin ?

Agir maintenant ou progressivement ? Le rapport de consultation précise que « les positions divergent quant à la nécessité d’agir rapidement versus prévoir des changements d’ici 30 ans ». En cause, l’urgence climatique plaidée par les organismes environnementaux.

L’échéance 2050 parait bien lointaine à certains participants qui jugent « la vision et ses orientations sont très générales, voire parfois théoriques ». Ils espèrent que « la vision et ses orientations ne resteront pas à l’état de vœux pieux ». Des craintes aussi à savoir si cette requalification du territoire de l’Est se fera en faveur ou au détriment des citoyens.

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