Coincés à la maison un jour sur deux, les bibliothèques fermées, les jeunes n’ont plus nulle part où aller, selon des intervenantes de Rivière-des-Prairies.
Dès l’heure du midi, la Maison des jeunes du quartier affiche «complet». Depuis sa réouverture, au printemps, sa capacité est réduite de 63 à 25 personnes, pour respecter la distanciation physique.
«La bibliothèque est fermée. L’aide aux devoirs, maintenant ça se passe à la Maison des jeunes, pendant ce temps-là, on ne peut pas recevoir d’autres jeunes», affirme la directrice Constane Vincent, découragée.
Après les jeunes de quatrième et cinquième secondaires, c’est au tour des élèves de troisième secondaire d’aller en classe seulement un jour sur deux. Résultat: l’organisme doit encore s’attaquer au casse-tête de l’horaire et de la programmation pour trouver une solution pour les recevoir.
Des plus petits groupes
De leur côté, les petits locaux du Centre de promotion communautaire Le Phare, dans les HLM Marie-Victorin, ne peuvent recevoir que quatre jeunes à la fois.
«C’est sûr que la pandémie complique un peu les choses. Avant, on pouvait recevoir de plus grands groupes», souligne la directrice, Yanick Galan.
Malgré tout, un petit espace dédié à l’étude a été aménagé dans le salon, avec un bureau et un ordinateur, au besoin.
«Nos jeunes vivent dans des espaces très exigus, dans de très grandes familles, souligne Mme Galan. Dans ce contexte, faire ses devoirs, ça pose tout un défi.»
Front commun
Dans ce contexte difficile, les organismes jeunesse du quartier ont décidé de faire front commun pour retrouver les jeunes où ils se trouvent.
«On travaille avec le Centre jeunesse emploi pour tout ce qui est décrochage et persévérance scolaire», illustre Mme Galan.
La mise en commun des forces est essentielle pour accompagner les jeunes, dont la détresse psychologique est palpable, entre deux rares activités à deux mètres, avec un masque et une visière.
«Avant, nos jeunes étaient capables de nous dire comment ils se sentaient. Maintenant, ils sont à la maison et ils se sentent épiés par leurs parents. Ils ferment leurs portes. Ils vont nous texter, mais ils ne sont pas capables de nous dire ce qu’ils vivent», souligne Mme Galan.