Une biologiste montréalaise mène un combat contre la renouée japonaise, une plante exotique envahissante qui met en péril plusieurs habitats naturels de l’île. Depuis un an, elle mène des tests pour trouver un moyen de stopper sa prolifération. Malgré des signes encourageants, la lutte contre cette espèce indésirable s’annonce ardue.
La biologiste Valérie Aubin est chargée de projet au Comité Zone d’intervention prioritaire (ZIP) Jacques-Cartier. Elle travaille sur un projet-pilote en collaboration avec différentes municipalités pour venir à bout de la renouée japonaise, une plante qui attaque les espèces indigènes des milieux humides et forestiers de plusieurs régions du Québec, depuis 2013.
«La renouée est une plante très coriace, avertit-elle. Même si on en coupe la tige et on sème d’autres espèces par-dessus, ses racines produisent une toxine qui tue ses compétitrices. Elle finira par repousser.»
Dans le parc de la Coulée Grou à Pointe-aux-Trembles, par exemple, elle menace la population de couleuvres brunes.
En mode solution
Un projet-pilote avec les municipalités de Beaconsfield, de Repentigny et de Granby a permis de mettre à l’épreuve certaines méthodes de contrôle employées ailleurs dans le monde contre ce fléau, comme la coupe répétée et l’utilisation d’une membrane géothermique.
«Après une première année, l’installation d’une bâche sur les tiges coupées au ras le sol semble bien fonctionner, constate-t-elle. La membrane bloque les rayons du soleil et brûle les racines.»
Toutefois, il ne faut pas crier victoire trop vite. Par géotropisme, les tiges ont tendance à pousser à l’horizontale sur un mètre de distance pour sortir de la toile. Il faut donc repasser durant la saison pour couper les bouts qui dépassent.
De l’avis de la biologiste, il est encore trop tôt pour déterminer si cette méthode portera ses fruits à long terme. «J’ai l’espoir que d’ici 5 à 10 ans, on puisse planter des espèces indigènes là où il y a eu des colonies de renouée, alors que la plante est déjà affaiblie.»
Interdire sa vente?
Ressemblant à un petit bambou, la renouée japonaise trouve preneur auprès des horticulteurs amateurs qui peuvent se la procurer dans certaines pépinières. La biologiste pense que l’interdiction de la vente de la renouée japonaise serait une bonne piste de solution pour endiguer le problème.
L’arracher s’avère excessivement difficile. Un seul bout de racine lui permet de reprendre vie. Puisqu’elle croît rapidement, la renouée fait de l’ombre aux espèces indigènes qui se raréfient. «N’ayant aucun prédateur naturel au Québec, l’écosystème s’appauvrit rapidement où se trouve une colonie de renouée», explique la biologiste.
«Les gens qui l’achètent ne comprennent pas nécessairement tous les enjeux autour de la renouée. Cette plante a des répercussions négatives sur l’environnement.»
Colonies connues de renouée japonaise dans l’arrondissement.
Pointe-aux-Trembles
– Club de Golf de l’île de Montréal/Autoroute 40
– Boulevard Gouin, Parc de la Coulée Grou de chaque côté de la plaque commémorative
– Rue Sherbrooke, boisé entre le Dépotium (15949 Sherbrooke Est) et la piste cyclable
– Rue Sherbrooke en face du boisé du Dépotium
– Rue Notre-Dame/80e Avenue (terrain privé)
– Parc-Nature, secteur Fleuve (près de la rue Notre-Dame)
– Parc de la rampe de mise à l’eau de la 36e Avenue (2 colonies)
– Rue Notre-Dame/30e Avenue (terrain vague)
– Parc du Vieux Moulin, vue du balcon (terrain appartenant au Port de Montréal)
Rivière-des-Prairies
– Boulevard Gouin/10e Avenue (Parc Ernest-Rouleau)
– Rue Thomas Paine (terrain vague)
– Rue Diderot (terrain vague)