Rosemont–La Petite-Patrie

Maisons shoebox: un moratoire imposé sur les démolitions

Les citoyens ne pourront plus demander de permis de démolition pour une maison shoebox.

Les citoyens ne pourront plus demander de permis de démolition pour une maison shoebox.

Les maisons shoebox, ces petites demeures qui ont fait leur apparition à Montréal au début du 19e siècle, ne pourront plus être détruites­ dans Rosemont – La Petite-Patrie.

Une motion de moratoire pour protéger ces édifices à l’architecture modeste a été votée lors du conseil d’arrondissement du 7 mai dernier.

La conseillère de ville Christine Gosselin a expliqué lundi soir que l’élaboration d’une réglementation sur ce type de bâtiment «avan[çait], mais [qu’elle était] plus complexe que ce que l’on croyait», demandant ainsi une période d’arrêt sur les nouvelles demandes de démolition.

Les projets déjà approuvés par l’arrondissement ne seront pas affectés par cette décision.

Pourtant, en février dernier, Mme Gosselin, qui est aussi responsable de la question de la culture, du patrimoine et du design au comité exécutif de la Ville de Montréal, ne croyait pas nécessaire l’imposition d’un moratoire.

Cette dernière misait surtout sur un comité de travail formé de tous les présidents des comités consultatifs d’urbanisme des arrondissements pour analyser l’enjeu de la préservation des shoebox.

La Division du patrimoine de la Ville de Montréal devrait aussi enclencher un recensement de ces maisons et le Conseil du patrimoine de Montréal serait chargé d’élaborer une enquête sur leur valeur paysagère en tant que garant de répit et de verdure.

Si le nombre exact de ce type de maison n’est pas connu sur le territoire montréalais, il est estimé à un millier tout au plus. Un important lot d’entre celles-ci se trouve dans Rosemont – La Petite-Patrie, soit 572 selon le plus récent dénombrement de l’Arrondissement.

Le volume des demandes de démolitions des shoebox était élevé selon Mme Gosselin. D’après les calculs de l’élue, d’ici la fin de son mandat, près de 150 de ces maisons auraient été perdues, si tous les permis avaient été accordés, ce qui représente entre le «quart ou le tiers» de ces maisons dans le quartier.

Pour un «plan d’action intelligent»
Pour sa part, Dinu Bumbaru, directeur des politiques pour Héritage Montréal, un moratoire n’est pas l’ultime avenue pour préserver les shoebox.

«C’est très fort comme mot: « moratoire ». J’imagine que c’est le seul langage que pouvait utiliser l’administration, mais c’est le genre d’approche qui risque de choquer les gens. Nous préconisons plutôt un plan d’action intelligent qui permettra un resserrement des critères d’évaluation de la valeur des shoebox», souligne M. Bumbaru.

Ce dernier indique que considérant le grand nombre de ces petites maisons qui existent encore à Montréal, il faut surtout s’affairer à préserver celles qui sont les plus remarquables. «Il faut regarder l’intégrité architecturale des bâtiments. Par exemple, une corniche qui serait d’époque, ou un travail de maçonnerie particulier peuvent donner de la valeur à ces maisons», affirme le porte-parole d’Héritage Montréal.

Celui-ci reconnaît que les shoebox peuvent aussi présenter de belles occasions pour de jeunes ménages lorsque vient le temps de faire un premier achat immobilier, en raison de leur faible coût. La réglementation instaurée ne devrait donc pas prohiber la vitalité des quartiers, croit-il.

Selon le professeur associé en urbanisme à l’Université du Québec à Montréal, David B. Hanna, les shoebox «comportent un intérêt patrimonial, car elles représentent l’affranchissement de la classe ouvrière à la fin du 19e siècle, qui était désormais libre d’acheter un petit lopin de terre.»

Lors d’une entrevue accordée au Journal de Rosemont – La Petite-Patrie en décembre 2017, celui-ci mettait en garde les élus contre la menace de la prospection immobilière. «Le marché immobilier peut faire rayer de la carte les shoebox si les autorités municipales ne les protègent pas. Je prends l’exemple de Notre-Dame-de-Grâce, où elles sont toutes disparues, il n’y en a plus», avait-il alors insisté.

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