La colchicine serait efficace pour prévenir les symptômes graves de la COVID-19, dévoile l’étude Colcorona de l’Institut de Cardiologie de Montréal (ICM). Ce médicament généralement utilisé contre la goutte permettrait d’éviter l’hospitalisation de nombreuses personnes à risque.
Lancée dès le mois de mars 2020, l’étude Colcorona visait à déterminer les vertus de la colchicine pour éviter le développement de symptômes graves chez les patients atteints par la COVID-19.
Les premiers résultats, rendus publics, semblent indiquer que le médicament aurait un effet bénéfique sur les patients présentant des risques de complications. En effet, parmi le panel de plus de 4000 individus atteints de la COVID, les hospitalisations ont été réduites de 25% et les décès de 44%.
«Les résultats de l’étude sont tout à fait convaincants. Ils montrent bien l’efficacité de la colchicine pour prévenir le phénomène de “tempête inflammatoire majeure” qui cause notamment la détresse respiratoire. C’est une avancée majeure», affirme le directeur du Centre de recherche de l’ICM, Dr Jean-Claude Tardif.
La colchicine pourrait être prescrite de manière préventive aux personnes à risque dès confirmation du diagnostic de COVID-19. Il s’agirait donc du premier traitement oral permettant d’éviter les complications graves liées au virus.
«Grâce à ce traitement, de très nombreuses hospitalisations pourraient être évitées. Cela permettrait de réduire fortement l’engorgement que connaissent les hôpitaux depuis le début de la pandémie», entrevoit le Dr Tardif.
Molécule «bien connue»
Appelé à commenter les résultats préliminaires de l’étude Colcorona, le directeur adjoint du Réseau québécois de Recherche sur les Médicaments Marc Servant, est enthousiaste.
«Les résultats qui ont été publiés pour le moment semblent aller dans la bonne direction. La colchicine présente d’ailleurs de nombreux avantages. C’est un médicament oral peu cher et bien connu. On utilise cette molécule depuis plus de 200 ans, on sait donc très bien comment l’utiliser», explique-t-il.
La colchicine a la particularité d’être un anti-inflammatoire «à large spectre». Cela explique d’ailleurs son usage pour traiter la goutte, une maladie qui se manifeste sous forme de crises inflammatoires aiguës.
Dans le cas de la COVID-19, elle éviterait ainsi une réponse inflammatoire trop forte et potentiellement dangereuse.
«Un risque serait notamment que la colchicine bloque complètement la réponse immunitaire, ce qui serait contre-productif et dangereux. Mais ça ne semble pas avoir été un problème lors de cette étude. Il faut bien sûr attendre qu’elle soit révisée par les pairs», souligne le Pr Servant.
L’étude Colcorona est une étude clinique «sans contact», randomisée, à double insu et contrôlée par placébo. Elle a été déployée au Canada, et à travers le monde, notamment aux États-Unis, en Afrique du Sud, en Europe et en Amérique du Sud.
Les résultats complets seront bientôt publiés dans une revue scientifique dont le nom n’a pas encore été dévoilé.