Lors de cet événement, Réal Ménard, responsable du développement durable, de l’environnement, des grands parcs et des espaces verts au comité exécutif de la Ville de Montréal, n’a pas réussi à convaincre ses homologues des villes défusionnées d’adopter un règlement commun pour lutter contre cet insecte ravageur.
Les participants ont toutefois promis d’agir en procédant à des opérations de dépistage. Mais cela se fait en fonction des ressources financières disponibles. Et dans ce dossier, l’argent est le nerf de la guerre.
L’île de Montréal compte plus de 200 000 frênes sur le domaine public et autant sur les terrains privés. Les coûts associés au dépistage et au traitement des arbres coûteraient de 20 à 40 M$ par année. Les magistrats ont l’intention de demander à Québec et aux grandes entreprises de participer financièrement.
Depuis trois ans, un peu plus de 7300 des 200 000 frênes du domaine public ont fait l’objet d’un dépistage. L’insecte a été répertorié sur 206 arbres jusqu’à maintenant.
Cet hiver seulement, ce sont 300 arbres qui seront abattus à titre préventif, sur le territoire de l’arrondissement Rosemont – La Petite-Patrie.
« Un éléphant qui accouche d’un agrile »
Pour le maire Croteau, il s’agit d’un « éléphant qui accouche non pas d’une souris, mais bien d’un agrile ».
« On ne nous a annoncé aucun plan d’action, aucun consensus, aucune nouvelle mesure et aucune somme supplémentaire pour contrer cette épidémie, et ce, malgré le fait que nous sommes en train de perdre le contrôle », a-t-il dénoncé, soulignant au passage qu’il n’existe pas de cas connus de villes infectées par ce parasite qui ont réussi à s’en défaire.
Il a réitéré que la perte de frênes aura des impacts environnemental et économique importants sur l’arrondissement, notamment en augmentant les îlots de chaleur et en dépréciant la valeur des demeures.
M. Croteau a laissé savoir que son administration devra prévoir des fonds à même son budget pour protéger les arbres contre cet insecte, ce qui risque de compliquer son prochain exercice financier.
« Il en coûte 200 $ tous les deux ans par arbre. Il faut le faire tout au long de sa vie », a-t-il avancé.
Devant l’impossibilité de sauver tous les spécimens, le maire a évoqué la possibilité d’identifier certains arbres dont la valeur est plus importante afin de les traiter en priorité, et ainsi, limiter les dégâts. Les arbres infectés et non traités, eux, seront abattus puis remplacés graduellement.
Agrile sans frontière
Pour le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), s’il ne fait aucun doute que la machine municipale doit se mettre en branle sur l’ensemble du territoire de l’agglomération afin de contrer l’agrile du frêne, il est indispensable que toute la collectivité montréalaise se mobilise également. Le succès de toute l’opération en dépend. L’insecte ne connaît pas les limites entre les domaines privé et public.
Le Plan d’action canopée de l’agglomération évalue à 300 000 le nombre d’arbres supplémentaires qu’il faudrait planter, dans une perspective de santé publique, d’adaptation aux changements climatiques et de qualité des milieux de vie montréalais.
Si l’agrile vient dévaster les frênes existants, la tâche sera gigantesque, explique-t-on au CRE-Montréal. Il est temps qu’on donne aux arbres un droit de cité comme il se doit, cela pour le bien de tous.
*En collaboration avec Steve Caron