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Rosemont–La Petite-Patrie

Le Noël d’un enfant de la rue à Kinshasa

Voici l’histoire de Noël imaginée par Patience Fayulu Mupolonga, né en 1977 en République Démocratique du Congo. Artiste comédien, conteur, marionnettiste et metteur en scène, il s’est réfugié au Canada en 2011, résidant lors des premiers mois au Projet Refuge – Maison Haidar, situé dans Rosemont – La Petite-Patrie.

Je m’appelle Julien, je suis un enfant qu’on dit sorcier de la rue à Kinshasa au Congo et je suis un grand rêveur. Je rêve d’amour.

Ma famille m’a rejetée, car elle croyait que je jetais de mauvais sorts. Voilà comment je me suis retrouvée dans la rue où je suis encore aujourd’hui, cela fait 5 ans. J’ai maintenant 12 ans. Si j’étais vraiment un enfant capable de sorcellerie, je ferais apparaitre une famille et l’amour. Je ne sais plus comment passer les fêtes en famille, dans l’amour d’une famille. J’ai oublié.

Maintenant, ma maison c’est la rue. Ma famille, c’est les autres garçons rejetés comme moi. Nous vivons à notre manière, car la société nous a rejetés, elle ne veut plus de nous. Pour survivre, nous mendions et parfois, si nous sommes chanceux, les femmes commerçantes dans les marchés nous font faire des petits travaux.

Noël et le Nouvel An ? Cela n’a pas d’importance. Qui va nous donner des cadeaux ? Qui va nous chérir dans leurs bras ? Ni nos familles ni le gouvernement ne nous prendront en charge, nous sommes complètement laissés à nous même. Si on trouve de l’argent, nous achetons de la bière, de la drogue, de la nourriture. Puis nous rêvons à nos familles, à l’amour. L’alcool et la drogue, c’est pour oublier que nous ne sommes que des enfants de la rue de Kinshasa, des enfants que l’on dit sorciers, des clochards de 12 ans.

Lorsque le soir, blotti contre mes amis, je réfléchis à tous ces cadeaux que les enfants, d’ici et d’ailleurs, vont recevoir le jour de Noël, j’ai les larmes aux yeux. Puis rapidement, je me ressaisis puisque tout compte fait, ces présents, même réunis, ne pourraient remplacer la solidarité qui nous unit, nous les enfants de la rue.

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