Les enfants ont désormais un endroit bien à eux à Montréal pour cultiver et découvrir la nature. Plusieurs infrastructures dédiées à l’agriculture urbaine pour les plus jeunes ont été inaugurées, mercredi, dans le Jardin communautaire Basile-Patenaude, situé dans le quartier Rosemont. Une première initiative dans la métropole, qui a reçu l’appui financier de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec.
Montréal possède 95 jardins communautaires regroupant près de 12 000 personnes. Pour autant, aucun d’entre eux n’avait encore fait la part belle aux enfants.
L’idée d’un espace pour les jeunes pousses est née il y a six ans, dans l’esprit d’Anaïs Cardin, aujourd’hui âgée de 12 ans.
«Je voulais cueillir des fleurs, mais mes parents ne voulaient pas que j’en cueille dans notre jardin, alors j’ai demandé d’avoir le mien», explique la jeune fille qui fréquente le Jardin communautaire Basile-Patenaude, depuis l’âge de deux ans.
Un petit coin a été aménagé pour elle, sur place. «Il y avait juste des mauvaises herbes et des fleurs dans mon jardin. Mais, au moins, je pouvais les cueillir», lance-t-elle, amusée.
Petit à petit, le carré de terre a accueilli des légumes et l’implication d’autres familles.
La relève
Ce n’est qu’il y a deux ans que le projet a pris de l’ampleur quand le nouveau comité du Jardin a commencé à réfléchir à l’avenir.
«À Basile-Patenaude, il y a une cinquantaine d’enfants pour une centaine de familles, ce qui est anormal. Les Jardins communautaires sont généralement dominés par les retraités, explique David-Alexandre Boutin, président du Jardin communautaire. Anaïs nous a donné à nous questionner, à savoir si notre offre pour les enfants était suffisante.»
Le comité a donc approché l’UPA pour construire un endroit adapté et sécuritaire pour les enfants.
«Nous avons appuyé l’agriculture urbaine dès le départ, car nous pensons que c’est une façon intéressante de se rapprocher des urbains. La relève est très importante. Nous vivons le problème de désertifications en campagne. Ces enfants seront peut-être les agriculteurs de demain», estime Marcel Groleau, président général de l’UPA, qui a financé à 70% le projet.
Le reste du budget a été apporté par la Caisse Desjardins De Lorimier-Villeray.
Un lieu pour la communauté
Le secteur de la Place Basile-Patenaude regroupe près d’une centaine de communautés culturelles. Le pourcentage de familles monoparentales et à faibles revenus est plus élevé qu’ailleurs dans Rosemont–La Petite-Patrie.
«Je donne souvent l’exemple d’Agnès, une maman du Congo qui a cinq enfants et qui court toute la journée entre l’école et les cours de sport. Quand elle vient au jardin, elle a un répit. Elle sait que les enfants sont en sécurité avec d’autres de leur âge», note M. Boutin.
Une enveloppe de 7000$ a permis l’installation de six bacs de plantation d’un éco système aquatique avec des poissons, d’un jardin floral pour attirer les insectes pollinisateurs, d’un hôtel à insectes, d’un petit pavillon de jardin recouvert de vignes, d’une cabane de jeux, d’une volière à papillons, d’une bibliothèque verte, de 25 arbres et arbustes fruitiers et de plus de 65 plants de légumes.
«Nous voulons animer l’espace en offrant des ateliers en agriculture, horticulture, environnement, entomologie et même des sessions artistiques. Il faut rendre l’espace accessible à la communauté qui se trouve à l’extérieur de ces clôtures où les besoins sociaux économiques sont importants», avance M. Boutin, qui souhaite donner un espace d’animation au Groupe uni des éducateurs naturalistes et professionnels en environnement.
Prochaines étapes
Le Jardin communautaire Basile-Patenaude souhaite servir davantage les besoins du quartier.
«Il y a 22 000 pieds carrés de terrains vagues inutilisés juste à côté, ce qui n’est pas logique dans un secteur qui a de si grands besoins. Les plans sont faits. Nous voulons les utiliser pour répondre aux besoins de la communauté», ajoute le président du Jardin.
La volonté est de créer un jardin collectif réservé exclusivement aux gens de la place Basile-Patenaude, de développer une ruelle comestible et de mettre en place une mini-ferme éducative-répit. Il reste désormais à la Ville de Montréal d’acquérir les terrains possédés pour le moment par une grande bannière située en arrière du Jardin.