Alors que des retards de production ont affecté la livraison de voitures neuves depuis le début de la pandémie, des répercussions se sont également fait ressentir sur le marché d’occasion. Deux ans plus tard, il faudra encore plusieurs mois, voire des années, avant un retour à la normale.
Les véhicules se font de plus en plus rares dans les cours des commerçants d’occasion. Comme il y a des délais importants dans la livraison des voitures neuves, les acheteurs prennent plus de temps avant de mettre en vente leur voiture usagée, ce qui cause une pénurie.
Cette rareté se manifeste également dans les encans qui sont organisés pour les commerçants. Ceux-ci ont donc du mal à garnir leur inventaire en gardant une marge de profit raisonnable.
«On a beaucoup de clients potentiels, mais on n’a pas l’inventaire pour répondre à la demande», explique le copropriétaire de Tip Top Autos, Laurent Shriqui.
Le Français d’origine a déménagé le commerce, qu’il administre en compagnie de sa femme, de Saint-Eustache à Dorval, trois mois avant la pandémie.
Pour faire face aux nouveaux enjeux, il a décidé de réduire son inventaire en passant de 40 à 25 voitures. L’impact se fait tout de même ressentir sur ses finances.
«J’ai la chance de posséder mon garage, dit-il. Mais au bout d’un moment, sans risquer de faire faillite, on puise quand même pas mal dans nos économies. Bien franchement, je ne voudrais pas redonner mon commerce à mes enfants, parce que ce serait assez difficile pour eux.»
Les acheteurs sont également affectés, car ils sont forcés de payer davantage pour les voitures usagées.
«Le pire, c’est pour les gens par exemple qui ont eu un accident, continue-t-il. Ils reçoivent de l’argent des assurances, mais il leur faudra du temps et des fonds supplémentaires pour se trouver un véhicule.»
Ailleurs au Québec
La réalité à laquelle est confronté M. Shriqui depuis deux ans est la même que celle de la grande majorité des commerçants de véhicules d’occasion à travers le Québec.
Plusieurs spécificités du marché québécois font en sorte que l’impact y est plus important qu’ailleurs au Canada. Les transferts de véhicules vers les autres provinces ainsi que les États-Unis ont notamment grandement augmenté.
«Historiquement, les prix des voitures d’occasion sont moins chers ici, explique le directeur général de l’Association des marchands de véhicules d’occasion du Québec (AMVOQ), Steeve De Marchi. Donc comme tout le Canada connaît la même pénurie, les marchands des autres provinces ont pris d’assaut le marché québécois.»
Cette tendance tend à ralentir étant donné que les prix ont augmenté pour s’ajuster à ceux du marché. Mais la pénurie se fait toujours ressentir, notamment en raison des délais que connaissent les fournisseurs de pièces neuves.
Avenir
Bien que la situation préoccupe M. De Marchi, il entrevoit tout de même une fin à ce phénomène, malgré l’incertitude liée à la guerre en Ukraine.
«Mon globe de cristal est embué, dit-il. On estime que ça va prendre entre 8 et 18 mois avant de prendre un rythme décent et peut-être même deux ans avant qu’on revienne au niveau d’inventaire prépandémique.»
De son côté, Laurent Shriqui compte continuer de s’adapter pour survivre aux changements du marché. Il estime que sa profession sera changée à jamais.
«On vit un peu le début d’un grand changement dans notre façon de faire, soutient-il. Je crois que ça peut être une bonne chose, parce que ça va donner des opportunités à la prochaine génération, qui est plus à l’aise avec la technologie.»
L’AMVOQ invite d’ailleurs les potentiels acheteurs de voitures usagées à utiliser les outils technologiques à leur disposition afin de faire des vérifications pour s’assurer de faire une bonne transaction.