Ahuntsic-Cartierville

Retrouver la paix au Canada

Quand la guerre civile éclate en 2011 en Syrie, Mratch Seraydarian et Ani Mimranian décident de fuir avec leurs deux enfants. Les conflits armés ont fait plus de 190 000 morts dans leur pays selon l’ONU. Arrivée le 27 novembre, la famille pourra célébrer le temps des Fêtes, pour la première fois en 3 ans, dans la paix, la joie… et le froid.

La famille vivait à Alep, ancienne capitale économique du pays, lorsque les conflits débutent. Le père se souvient que du jour au lendemain, la ville s’est paralysée.

«D’un coup, plus d’électricité, plus d’eau, plus rien. Je suis allé chercher mes enfants à l’école, nous avions très peur», raconte M. Seraydarian.

Dans leur ville natale, ils ressentent les contrecoups des bombardements, voient leurs proches mourir et n’ont plus d’espoir que la situation se redresse. Ils doivent prendre une décision déchirante: celle de quitter leur domicile, sans regarder en arrière.

Témoin des pires horreurs, la famille prend alors la route vers le Liban, qui accueille les réfugiés syriens temporairement. Ils rêvent du Canada, pays où certains de leurs amis habitent, mais ne pensent pas y être acceptés.

«Chaque jour, pendant les deux ans que nous étions au Liban, je passais devant l’ambassade canadienne en soupirant», se remémore M. Seraydarian, qui travaillait dans le secteur de la vente et réparation d’équipements destinés aux stations-services.

Retrouver la paix
Pendant son séjour au Liban, la famille entend parler de l’organisme arménien Hay Doun, qui aide les familles réfugiées à s’établir au Canada par le parrainage collectif.

«Nous avons décidé de tenter notre chance. Le Liban, dès que nous y avons mis les pieds, nous savions que ce n’était pas là où nous voulions nous établir», explique le père.

Ils avaient entendu parler de l’hiver québécois et avaient plusieurs appréhensions. «Nous croyions qu’au Canada, pendant l’hiver, la vie s’arrêtait. C’est bien le contraire», s’amuse la mère Ani Mimranian.

L’hiver: pas si grave
Avec toutes les difficultés qu’ils ont vécues depuis le début de la guerre, ils assurent que l’hiver est un moindre mal. En sécurité, baignant dans l’espoir d’une vie nouvelle, ils préfèrent s’émerveiller devant le paysage hivernal.

«La neige qui tombe, c’est tellement beau. Et l’atmosphère de Noël est féérique», raconte Karen, la jeune fille du couple qui était âgée de 13 ans lorsque la guerre a éclaté.

«J’aime même le froid», ajoute Sarkis, le garçon du couple, âgé de 7 ans lors du conflit syrien.

Ils ont été touchés par la simplicité de Noël. «C’est une fête féérique, mais ici, c’est normal de le faire, explique la mère. Même si la Syrie était un pays qui nous acceptait, ça demeure un pays musulman. Les décorations de Noël se limitaient aux quartiers arméniens.»

Célébrer Noël dans un pays catholique
À l’approche des fêtes, la nostalgie se fait sentir au cœur de la famille, surtout pour la mère, qui a de la famille en Syrie. D’origine arménienne, la famille célèbre Noël depuis toujours.

«C’est la première fois que je vais célébrer Noël sans ma famille», se désole-t-elle. Les relations chaleureuses au sein de la communauté arménienne en Syrie leur manquent.

Les enfants vont à l’école arménienne Alex Manoogian, à Saint-Laurent. Les classes d’accueil se chargent d’intégrer les enfants à la société, tout en conservant leur identité arménienne.

L’organisme Hay Doun les accompagne dans leur nouveau périple et le Centre d’appui aux communautés immigrantes leur offre du soutien.

«Pour les nouveaux arrivants, ce n’est pas facile. Ils ont eu une vie dans un autre pays, ils se sont investis ailleurs et ce n’est pas leur choix de quitter la Syrie. Ils doivent tout apprendre ici», explique Myriam, intervenante au CACI.

Depuis 2008, l’organisme a parrainé plus de 100 familles au Québec.

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