Depuis le début du mois d’août, une église évangélique de Saint-Léonard affiche des messages publicitaires vantant l’amour de Jésus sur une centaine d’autobus de la STM. Si ces panneaux irritent certains qui y voient un accroc à la laïcité, le transporteur public indique qu’ils sont protégés par la Charte canadienne des droits et libertés.
Outre le message «Jésus t’aime» écrit en lettres majuscules, la publicité contient un code QR qui une fois balayé mène vers le site Internet de l’église Good News Chapel.
Certains citoyens s’interrogent sur la présence de ces publicités à tendance religieuse dans l’espace public.
« Je prends souvent le bus et j’ai vu plusieurs fois ces panneaux cet été. Ça m’a interpellé. Je trouve que ce n’est pas normal de voir ces affiches, surtout sur des bus de la STM qui est censée être une entreprise publique », affirme Loïc.
« Les normes sont respectées », dit la STM
Selon la STM, tout affichage publicitaire sur le réseau doit respecter les normes canadiennes de la publicité.
Chaque annonce est analysée et approuvée selon ces critères.
« Nous avons aussi vérifié à quoi menait le code QR inclus dans l’affiche. Nous rappelons aussi que le droit à la liberté de conscience et de religion est inscrit dans la Charte canadienne des droits et libertés. Dans cette perspective, il n’y avait aucun motif valable pour refuser la campagne », a précisé Philippe Déry, conseiller corporatif de la STM.
Quinze plaintes ont toutefois été émises par des usagers à ce jour au sujet de ces publicités.
« Ce n’est pas la première fois qu’un message à teneur religieuse est affiché dans l’un des espaces publicitaires de notre réseau. À chaque fois, les mêmes critères et balises sont utilisés pour juger de l’acceptabilité d’une publicité. »
Une stratégie de recrutement discrète ?
D’après Barbara Thériault, professeure en sociologie à l’Université de Montréal, ce genre de stratégies de communication a déjà été employée par d’autres groupes religieux, dont le diocèse de Montréal.
« Des campagnes similaires ont été menées par l’Église catholique de Montréal dans des abribus il y a quelques années. C’est un phénomène que l’on constate de plus en plus, mais qui est plus typique chez les églises évangéliques. »
Pour elle, ce genre de message pourrait s’apparenter à du prosélytisme, mais dans une forme discrète, car il n’y aurait pas de sollicitation directe de la part de l’église.
Un message positif
Le secrétaire du conseil d’administration de Good News Chapel Mark Sorella affirme que l’Église évangélique n’a pas de stratégie de communication particulière derrière ces messages.
«C’est la première fois qu’on a recours à des panneaux publicitaires. On voulait simplement envoyer des messages positifs et d’encouragements pour les citoyens durant cette période particulière qu’est la pandémie», a-t-il précisé.
L’hiver dernier, Good News Chapel a défié à plusieurs reprises les mesures sanitaires qui restreignaient le nombre de personnes dans les lieux de culte. Dans une lettre adressée au premier ministre François Legault, l’église disait reconnaître l’existence de la COVID-19, mais affirmait que «le taux de mortalité a été trop exagéré».
La lettre indiquait aussi «qu’il n’appartient pas aux gouvernements d’imposer des sanctions ou des restrictions aux églises». Celle-ci est toujours publiée sur le site Web de Good News Chapel.
La campagne d’affichage est d’une durée d’un mois et tire à sa fin.