Bruit en dehors des heures permises, rues barrées sans préavis et intimidation de la part de travailleurs de construction: les citoyens résidant à proximité de la rue Murray, dans Griffintown, disent être à court d’options pour régler les problèmes qui émanent de quatre chantiers immobiliers du secteur.
Au cours de la dernière année, les plaintes auprès du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) concernant ces projets d’habitation situés sur de la Montagne, Ottawa et Murray se sont multipliées.
Selon les données obtenues par TC Media, le poste de quartier 20 en a reçu plus de 65 en neuf mois, avec 55 d’entre elles se soldant en constat d’infraction d’une valeur de 50$ à 1500$.
La situation en irrite plusieurs. Une visite dans le groupe Facebook «Association des résidents de Griffintown», qui compte plus de 1200 membres, suffit pour constater l’ampleur de la grogne au sujet de ces quatre chantiers.
«Oui, on est au courant du fait qu’on a décidé d’habiter à un endroit où il y aurait de la construction. On ne demande pas qu’il n’y en ait pas, on veut juste que les règles et les payeurs de taxes soient respectés. On se sent démunis», plaide Danielle Julien, résidente de la rue Murray et membre du groupe Facebook.
Pas assez
Quatre citoyens rencontrés par TC Media affirment que malgré leurs plaintes récurrentes auprès du SPVM et de l’arrondissement du Sud-Ouest, la situation du bruit ne s’améliore pas.
«Plus d’une fois par semaine, je me fais réveiller entre 4h et 6h30 à cause des livraisons que font les entrepreneurs», déplore avec désarroi Stéphane Labonté, qui juge que sa qualité de vie a pris un dur coup depuis qu’il a emménagé dans son condominium sur la rue Murray.
Pour le maire de l’arrondissement Benoit Dorais, les amendes qui sont données aux entreprises sont trop basses pour les convaincre de respecter les règlements en place.
«On a beau avoir fait des lettres de demandes et de rappel à la tonne, ça ne change pas. Les amendes, elles, ne sont pas assez dissuasives, mais ce n’est pas moi qui décide de leur valeur», dit-il.
De plus, les inspecteurs de la Ville de Montréal qui pourraient être attribués au chantier débutent leur quart de travail à 7h30, soit une demie heure après que les bruits sont permis, en raison de leur convention collective. Les résidents doivent donc se tourner vers le SPVM, qui a attitré un de ses agents à ce dossier.
Dorais indique qu’il a demandé au maire Coderre d’abolir cette clause lors des prochaines négociations pour ladite convention qui auront lieu dans un an et demi et que sa suggestion a été accueillie favorablement.
Rues barrées
Les citoyens mentionnent que les entrepreneurs bloquent régulièrement la circulation sur la rue Murray sans préavis, enfermant leurs voitures dans cet espace et provoquant de nombreux retards et maux de tête. Ils disent aussi que les travailleurs font souvent preuve d’arrogance lorsqu’ils tentent de leur expliquer les difficultés qu’ils vivent.
«Un d’entre eux m’a déjà dit “on sait quelle voiture t’appartient” quand je l’ai confronté. Ça, c’est clairement de l’intimidation», raconte Danielle Julien.
L’arrondissement confirme pour sa part qu’il remédiera bientôt à ce problème en envoyant des avis de rues barrées aux syndicats de copropriété de manière électronique, tout en spécifiant que leurs permis d’occupation du domaine public leurs sont accordés en bonne et due forme.
Lavacon répond
Bien que les citoyens affirment que les quatre chantiers du secteur enfreignent au règlement, ce serait principalement ceux des entreprises EBC Inc. (Le Wellington Griffintown) et Lavacon (Coopérative d’habitation Griffin) qui dérangeraient les résidents, selon leurs dires. Alors qu’EBC Inc. n’a pas retourné les appels de TC Media, le directeur de projets de Lavacon, Luigi Pallotta, a voulu défendre le travail de son entreprise.
«J’ai entendu parler des autres chantiers. C’est très difficile pour moi de commenter ce qui se passe avec ces ouvriers-là, qui sont souvent des sous-traitants ou des sous-traitants de sous-traitants, mais je pense qu’on a été très respectueux des règles», estime-t-il.
Rappelons que le Sud-Ouest est l’arrondissement montréalais, après Ville-Marie, avec le plus de chantiers d’une valeur de 5 millions $ ou plus. Il en comptait sept sur son territoire en date de décembre 2016, selon les plus récentes données de la ville de Montréal.
Les quatre chantiers
Arbora
Entrepreneur: Sotramont
Valeur: 130 M$
Emplacement: 282 rue de la Montage
Yoo Montréal
Entrepreneur: Constructions Chapam
Valeur: 21 M$
Emplacement: 1130, rue Ottawa
Coopérative d’habitation Griffin
Entrepreneur: Lavacon
Valeur: 15,3 M$
-Emplacement: 160, rue Murray
Le Wellington Griffintown
Entrepreneur: EBC Inc.
Valeur: Inconnue
Emplacement: 1169, rue Ottawa