Anne-Marie Larose est présidente-directrice générale d’Aligo Innovation depuis cinq ans, une firme de valorisation de la recherche universitaire située à Griffintown. Doctorante en biologie cellulaire et moléculaire, elle s’enlignait pourtant vers les sciences plutôt que le monde des affaires. Étant aujourd’hui en nomination aux Prix femmes d’affaires du Québec, elle peut dire qu’elle a réussi ce défi avec brio.
«Deux de mes collègues m’ont dit de poser ma candidature, souligne la PDG. Je l’ai surtout fait pour montrer le travail qu’on réalise ici, car on est souvent dans l’ombre.»
Mettre de l’avant les compétences et le talent de son équipe est d’ailleurs la principale qualité d’une bonne gestionnaire selon Mme Larose. «La clé est de savoir bien s’entourer et ne pas avoir peur d’avoir une équipe plus compétente que soi, dit-elle. Un chef d’orchestre n’est jamais le meilleur musicien, mais il veut diriger les meilleurs au monde.»
C’est d’ailleurs à son équipe que Mme Larose attribue sa réussite dans le domaine des affaires. Elle s’est lancée dans le vide en 2013, lorsqu’on lui a donné le défi de fusionner deux sociétés de valorisation en une seule, qui est devenu Aligo Innovation un an plus tard.
Objectif
Le mandat de l’entreprise: accélérer et faciliter la commercialisation de technologies à fort potentiel développées par des chercheurs issus des dix universités qu’elle chapeaute, dont l’École de technologie supérieure (ÉTS).
«Toutes les découvertes sont formidables, mais certaines peuvent amener des nouveaux médicaments, des nouveaux outils qui peuvent répondre à un besoin de société. Notre rôle est de les diriger vers des compagnies qui existent déjà ou en faire des startups», précise Mme Larose.
NoviFlow, établi sur l’avenue Brewster dans Saint-Henri, est d’ailleurs passé par les portes d’Aligo Innovation. Aujourd’hui, ce fournisseur de logiciels d’exploitation est un leader dans son domaine avec une clientèle internationale.
Le projet B5, un système de transmission de véhicules récréatifs créé par des étudiants de l’ÉTS, a également bénéficié du support d’Aligo.
Parcours
@R:Anne-Marie Larose connaissait déjà le monde des startups. Plutôt que de se lancer dans un post doctorat comme de nombreux chercheurs, elle a débuté sa carrière en participant au démarrage et à la croissance de la compagnie Geneka Biotechnologie tout de suite après ses études à l’Université Laval à Québec.
«J’ai toujours eu un petit côté entrepreneure et ça a définitivement été une belle aventure. J’ai laissé mon sarrau pour un autre univers complètement», se remémore la femme de 55 ans.
Elle a ensuite enchaîné les nouveaux défis, tout en gardant un pied dans le monde de la science, en agissant notamment comme attachée commerciale et biotechnologie au Consulat de Grande-Bretagne ou comme conseillère sénior aux investissements dans le volet sciences de la vie au Fonds de solidarité FTQ.
C’est finalement son poste de directrice chez Gestion Univalor, une autre société de valorisation, qui l’a mené chez Aligo.
«Je pense que mon expérience me permet d’être crédible auprès de mes partenaires. Mais, je crois que ma passion et ma conviction de l’importance de notre travail sont à ne pas négliger, soutient Mme Larose. Dans ce monde où on doit jongler avec énormément d’enjeux, il faut faire preuve de résilience, être tenace, convaincue et aimer ce qu’on fait.»
En tant que femme dans un milieu majoritairement masculin, Mme Larose est d’avis qu’elle devra toujours travailler davantage pour faire valoir la pleine valeur de son entreprise aux investisseurs, bien que les stéréotypes tendent à diminuer.