Sud-Ouest

Occupation des bureaux d’une firme immobilière contre la gentrification de Saint-Henri

Des militants pour le droit au logement ont occupé, jeudi après-midi à Westmount, les bureaux de l’entreprise Hillpark Residential qui souhaite évincer des locataires de Saint-Henri. Ils dénoncent l’attitude du promoteur qui, selon eux, a recours aux menaces pour pousser les résidents à résilier leurs baux afin de rénover les lieux.

Une quinzaine de personnes sont entrées dans les locaux de la firme immobilière pendant qu’une dizaine d’autres manifestaient devant l’immeuble de la rue Sherbrooke Ouest.

L’occupation à l’intérieur a duré environ 40 minutes durant lesquelles des slogans ont été scandés, mentionne l’organisateur communautaire chez POPIR-Comité logement, Olivier Prud’homme-Richard. Un discours a aussi été prononcé pour expliquer les revendications auprès des employés présents. Le Service de police de la Ville de Montréal est intervenu pour sortir les manifestants.

Ceux-ci souhaitent faire reculer le projet de transformation d’Hillpark Residential. La compagnie  a mis la main sur quatre immeubles des rues Saint-Augustin, Saint-Philippe, du Collège et Saint-Antoine Ouest, l’automne dernier. La plupart des unités sont occupées par des ménages à faibles revenus.

Depuis l’achat des 43 appartements, les locataires sont menacés d’être chassés de leur logement. Certains sont partis, mais plusieurs refusent de quitter.

«Ça fait 25 ans que je vis là. Mon garçon est né là et il ne veut pas partir non plus, soutient Andrée Cadieux. Je suis dans mon quartier, je suis venu au monde à Saint-Henri et je travaille à l’école du quartier. Pourquoi je partirais? Pour que le monsieur loue mon appartement 2000$?».

Elle s’inquiète pour les familles qui pourront avoir du mal à trouver des logements abordables assez grand alors que le taux d’inoccupation est très bas.

Locataire dans l’un des immeubles depuis 2017, Rebecca Bain indique que les logements ont été rénovés il y a deux ans.  «J’aime mon appartement, tout fonctionne. Je sais que je ne vais pas trouver quelque chose de semblable ailleurs. Je trouve que j’ai le droit de rester. Ils font tout pour nous évincer de manière illégale. Ils nous disent de quitter au milieu de notre bail», expose-t-elle.

Harcelants

Aucun des résidents n’a reçu encore d’avis d’éviction, mais selon le POPIR-Comité logement, l’entreprise utilise des méthodes harcelantes.

«Ils les appellent à répétition. Les promoteurs leur offrent des sommes d’argent dérisoires pour partir et ils se moquent d’eux quand ils contestent leur augmentation de loyer, résume l’organisatrice communautaire, Sandrine Belley. Dans un logement vacant, il laisse pourrir les poubelles. Ils refusent de parler en français aux locataires francophones.»

Elle dénonce le fait que le propriétaire laisse vacant une douzaine de loyers alors qu’une crise du logement pourrait bientôt servir à Montréal.

À l’heure actuelle, Hillpark Residential n’aurait toujours pas obtenu de permis de l’arrondissement du Sud-Ouest pour des travaux d’agrandissement ou de subdivision.

Les deux associés de la compagnie immobilière, Jeremy Kornbluth et Brandon Shiller, n’ont pas retourné nos appels. Les employés présents dans les bureaux, jeudi, n’ont pas voulu commenter la situation.

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