Un regroupement de citoyens de la Rive-Sud de Montréal réclame un deuxième lien cyclable sur le pont Victoria. Sur le côté ouest du pont, une piste cyclable relie déjà la métropole à ses banlieues sud, en passant par le parc Jean-Drapeau. Mais les cyclistes qui l’empruntent doivent patienter 45 minutes à chaque passage de navire dans la voie maritime, contrairement aux automobilistes, qui sont redirigés.
«On veut simplement avoir le même type d’avantage que les automobilistes ont, c’est-à-dire pas d’interruption», soutient le vice-président du Réseau écocitoyen de Saint-Lambert, Hughes Létourneau. C’est au nom de la mobilité durable et active, dit-il, qu’il faut ajouter cette seconde voie cyclable. Car pour les 200 000 cyclistes qui empruntent le pont des écluses de la voie maritime, l’attente de 45 minutes qui vient avec le maintien du statu quo peut les décourager d’utiliser ce moyen de transport, fait-il valoir.
Certes, les ponts Jacques-Cartier et Samuel-De Champlain offrent d’autres options pour les cyclistes, mais le premier est un parcours plus ardu, en raison de la côte, et le second est un détour pour plusieurs. «C’est aussi une question d’inclusivité», dit M. Létourneau.
Vélo Québec est également d’avis qu’une option plus avantageuse doit être offerte aux cyclistes, mais n’a pas de préférence quant à la forme qu’elle doit prendre. «C’est clair que la proposition des gens de Saint-Lambert est intéressante. Est-ce que c’est possible techniquement? Moi, je ne peux pas me prononcer là-dessus, mais ça mérite d’être étudié très sérieusement.»
L’objectif, peu importe le moyen, c’est d’éliminer le temps d’attente de 45 minutes.
Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec
Le Réseau écocitoyen de Saint-Lambert tente d’inciter les parties impliquées, soit la Corporation de la gestion de la voie maritime du Saint-Laurent, le Canadien National (CN) et la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD), à pousser dans la même direction que lui. Il a récolté l’appui de la députée fédérale de Brossard–Saint-Lambert, Alexandra Mendès, et de la mairesse de Saint-Lambert, Pascale Mongrain.
À la recherche d’un leadership
Pour l’instant, la collaboration entre les trois groupes semble stagner, s’inquiète M. Létourneau. «Il devait y avoir une rencontre l’automne passé, mais elle n’a pas eu lieu», dit-il. Le son de cloche diffère chez les différentes parties prenantes. Le CN, à qui revient la propriété du pont, assure n’avoir participé à «aucune rencontre formelle».
Cependant, nous avons eu des discussions avec certains partenaires afin de leur faire savoir que, bien que le CN ne soit pas impliqué directement dans la bonification du réseau cyclable, nous sommes ouverts à participer aux échanges entourant ce projet.
Mathieu Gaudreault, conseiller principal au CN
Du côté de la Corporation de la Gestion de la voie maritime, on voit «d’un bon œil» ce type d’initiative, mais on considère qu’il est de la responsabilité de la SPJD d’assurer «l’entretien et de l’aménagement du lien cyclable entre Montréal et la Rive-Sud». Le gestionnaire des relations gouvernementales et communautaires de la voie maritime, Nicolas Poirier-Quesnel, dit travailler avec la SPJD «pour qu’elle puisse continuer à répondre aux besoins des collectivités avoisinantes».
La SPJD souligne pour sa part les complications liées au cadre réglementaire du secteur, qui complexifierait les démarches, mais assure continuer les discussions avec les principales parties prenantes, «avec l’objectif de faire évoluer favorablement ce dossier».
M. Létourneau, du Réseau écocitoyen de Saint-Lambert, juge que le projet de seconde voie cyclable s’inscrit très bien «dans les problèmes climatiques et dans la perspective de la mobilité durable et active». Il souhaite voir un leadership apparaître du côté des parties prenantes.
L’exploitation du pont par des véhicules se fait en vertu d’une entente entre le CN, le ministère des Transports du Canada et celui du Québec.