Dans un quartier en plein changement, le café Larue a réussi à se tailler une place de choix dans le cœur des résidents.
Mardi 10h, tandis que la plupart des Montréalais sont déjà arrivés au bureau, plusieurs personnes décident plutôt d’apporter leur ordinateur portable pour travailler dans leur café du coin. Les gens discutent, rigolent, étudient et partagent.
«Notre objectif en ouvrant le café était de créer un lieu social. Ici, les gens peuvent échanger et se créer de nouvelles amitiés. Je connais des résidents qui étaient voisins depuis des années et qui ne s’étaient jamais parlé qui se sont rencontrés ici», raconte Charles-Ugo Boucher, copropriétaire du Café Larue et fils.
Ouvert en 2009 et à l’origine dénommé Caffé de la Via en raison de ses premières inspirations italiennes, le commerce situé à l’angle de l’avenue Henri-Julien et de Castelnau a su s’adapter à sa clientèle.
C’est après avoir visité les cafés de New York et de Toronto que M. Boucher et son collègue Sébastien Carelli en sont venus à une révélation.
«Nous nous sommes rendu compte que les meilleurs établissements ne servaient pas de nourriture, qu’ils se concentraient surtout sur le café. Avant, on servait des grilled-cheese, et ça sentait bon le fromage, mais on s’est aperçu que l’on n’avait pas l’impression d’être dans un café», explique M. Boucher.
Désormais, le fondateur du commerce mise sur ses baristas pour créer un contact avec la clientèle, pour la fidéliser, mais aussi pour ajouter à l’aspect «socialisant» qui lui est si important.
Pour ou contre l’embourgeoisement?
La venue récente de petits commerces sur la place de Castelnau et l’embourgeoisement graduel auquel est soumis le quartier Villeray n’effraie pas M. Boucher, qui voit le tout sous un jour positif.
«Ça nous donne un coup de pied dans le derrière afin d’améliorer la qualité de nos produits et services», souligne-t-il.
Les grandes chaînes de cafés ne menacent pas son chiffre d’affaires, affirme le commerçant, convaincu que l’attrait local et convivial l’emporte sur le prêt à consommer, du moins auprès de sa clientèle.
Ayant auparavant travaillé en tant que conseillers en placement, M. Boucher et M. Carelli ont délaissé leur emploi plus lucratif pour s’adonner à leur passion. Rapidement, ils sont tombés en amour avec le coin de rue qu’ils occupent aujourd’hui.
«Un commerçant qui ouvre dans un quartier en développement le fait parce qu’il se dit qu’il pourra s’y tailler une place. L’idée n’est pas de faire augmenter les prix», insiste M. Boucher.
En 2014, un autre café de la même enseigne a ouvert ses portes, encore une fois dans Villeray, sur la rue Jarry, près de l’intersection avec la rue Saint-Denis. Ne cachant pas son ambition, le propriétaire convoite d’autres espaces à Montréal et la création de sa propre torréfaction.