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Brexit: qu’y a-t-il dans le traité de divorce adopté jeudi?

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Boris Johnson a rencontré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne

Rédaction - Agence France Presse

Droits des citoyens, période de transition, règlement financier… le traité sur le retrait du Royaume-Uni de l’UE vise à permettre un divorce en douceur. Il cherche aussi à régler le casse-tête de la frontière irlandaise. Le document a été adopté jeudi par les députés britanniques

Voici les principaux points du traité de 535 pages, conclu en octobre entre Boris Johnson et le négociateur de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier.

Le texte prévoit une période de transition jusqu’au 31 décembre 2020. Pendant celle-ci, les Britanniques continueront d’appliquer les règles européennes et d’en bénéficier. Ils verseront leur contribution financière, mais sans siéger dans les institutions ni participer aux décisions.

La transition vise à éviter une rupture brutale, notamment pour les acteurs économiques. Elle vise également à donner du temps pour négocier la relation future entre Londres et l’UE. Un casse-tête très difficile à règler dans le temps imparti.

Selon le traité, cette période pourrait être prolongée une seule fois, et d’un commun accord, jusqu’à fin 2022 au maximum. Mais Boris Johnson s’y est refusé et a ajouté une disposition interdisant une extension dans la loi d’application votée jeudi.

Les 3,2 millions d’Européens au Royaume-Uni et 1,2 million de Britanniques sur le continent pourront continuer à étudier, travailler, percevoir des allocations et faire venir leur famille.

Le Royaume-Uni honorera les engagements pris dans le cadre du budget pluriannuel en cours (2014-2020), qui couvre également la période de transition. Il bénéficiera en retour des fonds structurels européens et de la politique agricole commune.

Le cas nord-irlandais

Province britannique, l’Irlande du Nord reste sur le territoire douanier du Royaume-Uni en vertu du protocole conclu jeudi.

Si des produits en provenance de pays tiers (comme par exemple les États-Unis avec lesquels le Royaume-Uni est impatient de conclure un accord de libre-échange) entrent en Irlande du Nord et s’ils y restent, alors seront appliqués les droits de douane britanniques.

En revanche, si ces marchandises en provenance de pays tiers sont destinées à entrer dans l’UE, via l’Irlande du Nord, alors les autorités britanniques appliqueront les droits de douanes de l’UE.

L’Irlande du Nord reste alignée sur un ensemble limité de règles de l’UE. En matière sanitaire pour les contrôles vétérinaires, par exemple.

Ce système complexe vise à éviter le retour d’une frontière physique avec la République d’Irlande, membre de l’UE. Une situation qui aurait pu fragiliser la paix régnant depuis vingt ans dans la province britannique après trois décennies de «Troubles».

Il a cependant provoqué la colère des unionistes nord-irlandais qui voient cette différence de traitement une atteinte à l’intégrité du Royaume-Uni.

L’assemblée d’Irlande du Nord (Stormont) aura une voix décisive sur l’application à long terme de la législation européenne sur ce territoire.

Ce mécanisme de «consentement» concerne notamment la réglementation sur les marchandises et les douanes. Mais également le marché unique de l’électricité, la TVA et les aides d’État.

En pratique, cela signifie que quatre ans après la fin de la période de transition, l’Assemblée peut, à la majorité simple, donner son feu vert au maintien de l’application du droit de l’Union ou voter pour son abandon. Dans ce dernier cas, le protocole cessera d’être applicable deux ans plus tard.

Quatre ans après l’entrée en vigueur du protocole, les représentants élus d’Irlande du Nord pourront décider, à la majorité simple, de continuer ou non à appliquer les règles de l’Union en Irlande du Nord.

Pour éviter une frontière physique entre les deux Irlandes et protéger l’intégrité du marché unique européen, les règles de l’UE concernant la TVA sur les marchandises continueront de s’appliquer en Irlande du Nord. Les douanes britanniques seront chargées de la collecte.

Dans sa «déclaration politique» révisée sur les relations futures, l’UE promet un accord «sans droits de douane ni quotas» avec Londres.

En contrepartie, Bruxelles exige des «garanties» sur des conditions de concurrence équitables. Le but du traité est d’empêcher le Royaume-Uni de créer aux portes de l’Union une sorte de «Singapour» qui ne respecterait pas les normes de l’UE en matière sociale, fiscale et environnementale.

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