Nouvelle année, nouvelles résolutions. Investir dans les cryptomonnaies devrait-il en être une? On en discute avec des expertes.
L’investissement dans les cryptomonnaies est accessible à tous, affirme d’emblée Annie Lecompte, professeure au Département des sciences comptables de l’UQAM spécialisée en cryptomonnaies.
«C’est tellement facile, résume-t-elle. Ça ne prend pas de grandes connaissances ou un important portefeuille pour investir dans des cryptos connues comme Bitcoin ou Ethereum.»
Faire ses devoirs
Si ce genre d’investissement est devenu plus sûr et plus accessible, ce n’est cependant pas une raison pour y pitcher tout son argent les yeux fermés.
Non, ce n’est pas parce qu’on investit dans les cryptomonnaies qu’on s’enrichit soudainement de manière miraculeuse.
«Ceux qui ont fait beaucoup d’argent dans les cryptos sont ceux qui ont investi en 2010 ou 2012», indique la professeure.
Selon elle, il est donc très important de bien s’informer et de connaître le produit avant de se lancer. Au moins assez pour être capable de repérer ce qui est trop beau pour être vrai.
«Ce n’est pas encore vraiment régulé. Tu dois avoir fait tes devoirs et te protéger toi-même comme investisseur», prévient-elle.
Plusieurs sites spécialisés, comme Coinbase, analysent les nouveaux projets de cryptos et peuvent servir d’indicateur pour connaître la fiabilité d’une monnaie virtuelle.
L’experte en comptabilité des cryptomonnaies Mélissa Fortin suggère d’abord aux nouveaux investisseurs de recourir aux plateformes légitimes appuyées par des experts (Wealthsimple, Bitbuy, Coinsmart).
«C’est un peu comme un pari. Tu peux gagner, mais tu dois aussi être prêt à perdre tout ton investissement, souligne-t-elle. Si tu peux te le permettre, vas-y, essaie! Ça sera l’occasion de te familiariser avec cette nouvelle technologie qui va probablement révolutionner plusieurs industries.»
Vers une normalisation
Même si les marchés sont incertains, une hausse du nombre d’investisseurs est à prévoir en 2022, pense Mélissa Fortin, également professeure au Département des sciences comptables de l’UQAM.
Si 2021 a été une année charnière pour l’achat des cryptos, elle croit que 2022 marquera l’entrée dans une phase d’institutionnalisation. Alors que plusieurs pays commencent déjà à reconnaître le Bitcoin comme une monnaie, de plus en plus de compagnies vont accepter les cryptos, selon l’experte.
«Avant, les sociétés d’investissement regardaient ça de haut. Elles n’étaient pas intéressées. Maintenant, elles se rendent compte qu’elles n’ont pas le choix d’embarquer, renchérit Annie Lecompte. Et quand les gros joueurs s’y intéressent, ça donne une forme de légitimité qui peut inciter monsieur et madame Tout-le-Monde à investir.»
Toujours très polluant
Alors on investit ou pas? L’impact environnemental des cryptomonnaies fait douter certaines personnes.
En effet, un des grands désavantages de cette monnaie est que sa production est très polluante. Une transaction de crypto requiert de faire fonctionner des ordinateurs très puissants qui consomment énormément d’énergie et d’électricité. Beaucoup plus qu’une transaction normale. Le bitcoin a consommé plus de 134 TWh, soit 134 milliards de kWh, en 2021. C’est plus que la consommation annuelle de bien des pays dans le monde.
Malheureusement, les expertes interviewées par Métro ne pensent pas que la production est appelée à devenir plus écologique en 2022.
«La façon la plus polluante de produire la cryptomonnaie est aussi la plus accessible», explique Annie Lecompte.
«Les alternatives plus vertes n’ont pas encore fait leurs preuves et ne peuvent donner le même niveau de sécurité aux investisseurs qu’une transaction qui utilise le procédé du Bitcoin», ajoute Mélissa Fortin.
Pour en savoir davantage sur les impacts fiscaux des investissements en crypto, direction notre section Parlons Bacon.