Un groupe de citoyens s’est réuni jeudi matin pour souligner la fin du Réseau des bus «10 minutes MAX», service qui a été offert sur 31 lignes de bus pendant 13 ans et qui a pris fin au début du mois de janvier. Le rassemblement s’est tenu sur les lieux du lancement officiel de ce service en 2010, près de la station de métro Place-des-Arts.
Nous avons appris au début janvier que le réseau «10 minutes MAX» avait succombé à cette terrible maladie qu’est le manque de financement en transport en commun. Nous nous rappellerons longtemps comme il était agréable de pouvoir se rendre à l’arrêt sans se soucier de l’horaire.
Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec
Plus de coupures, moins de services
Selon les données de la STM, l’abandon du Réseau «10 minutes MAX» se traduit par une baisse de service globale de 11,2% sur les 31 lignes d’autobus concernées. La période hors pointe de soir, soit entre 18h et 21h, est la période de la journée la plus touchée, avec une baisse de service de 19,8%.
«La fin de ce service vient nuire à l’attractivité du transport collectif, affirme sans détour Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec. Au moment du lancement, en 2010, les 31 lignes transportaient 60% de l’achalandage des lignes de bus. Nous sommes tristes de perdre ce service, perte qui va ultimement décourager les gens d’utiliser l’autobus et le transport en commun.»
Pour Blaise Rémillard, du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), le réseau de transport en commun est vital pour Montréal afin d’éviter l’étouffement sous la congestion routière, en plus d’être nécessaire pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre et pour cultiver l’identité montréalaise comme ville abordable.
«Les modèles de financement imposés aux sociétés de transport collectif les condamnent à la surcapacité pour continuer d’offrir leurs services de façon adéquate, déplore-t-il. Ce modèle n’a jamais fonctionné et est aujourd’hui désuet, ce qui empêche les sociétés de remplir leur mission. Les déficits de plusieurs millions à la STM et les 500 M$ à l’ARTM [Autorité régionale de transport métropolitain] sont importants, et alors que l’achalandage reprend, on se tourne vers l’Assemblée nationale et l’Hôtel de Ville pour aider à éponger ces déficits et éviter encore plus de coupures qui encourageraient l’auto solo.»
Un moment de recueillement
Sur place jeudi matin, les usagers et usagères du défunt service «10 minutes MAX» étaient invités à signer un cahier de condoléances qui sera remis à la STM comme symbole de l’impact des coupures de service pour eux.
«Le transport en commun subit toujours les frais de coupures à des fins de rentabilité, a lancé Chloé Fortin-Côté après avoir signé le cahier. Ça fait quinze ans que je n’ai pas de voiture, et il est certain qu’on aurait vu une levée de boucliers si on avait décidé de fermer des ponts ou des rues, alors, je viens dénoncer ce double standard aujourd’hui.»
Le chef intérimaire d’Ensemble Montréal et chef de l’opposition officielle de Montréal, Aref Salem, était également présent pour signer le cahier et afficher son soutien au retour du Réseau «10 minutes MAX», qu’il considère comme vital.
«J’espère que ce service pourra ressusciter, parce qu’il est essentiel. La ligne 121 chez moi déplace 40 000 personnes par jour, et ça prend un service adéquat pour continuer à déplacer autant de gens. Ce que je crains, ce sont les coupures de services supplémentaires, et je veux que la STM nous donne un plan clair sur l’avenir du transport à la place de coupures à la carte.»
Le cabinet de la mairesse Valérie Plante a réagit à cette commémoration, considérée comme un témoignage du besoin urgent des sociétés de transports collectif d’obtenir du financement du gouvernement provincial. «Les Montréalais sont très attachés à la STM, et nous aussi. Les coupures de service sont la dernière chose qu’on souhaite et on envisage toutes les solutions pour rétablir le 10 minutes d’attente maximum le plus rapidement possible», affirme l’attachée de presse du cabinet de la mairesse, Catherine Cadotte.
À noter que le cabinet de l’opposition officielle a envoyé le 23 janvier dernier une lettre au président de la STM, Éric Alan Caldwell, afin de manifester son inquiétude face à de futures coupures dans le transport en commun, après l’abandon du Réseau «10 minutes MAX».